Aster est née un matin d’orage dans un petit village à proximité de Bangkok. Des éclairs violets déchiraient le ciel assombri par de lourds nuages noirs. Sa mère accoucha seule dans une chambre d’hôpital. Elle ignorait qui était le père d’Aster alors… Et bien cela serait elle et sa fille contre le reste du monde. Lorsqu’on la plaça dans ses bras, immédiatement Malee sentit une bouffée d’amour monter en elle pour ce petit être, ce bébé qui venait de lui ajouter un nombre conséquents de responsabilités et d’obligations, mais qui, inexplicablement, provoquait un sourire sur son visage épuisée par les heures précédentes.

Aster grandit donc seule aux côtés de sa mère. Sa mère était une élémentaliste extrêmement puissante et respectée. Elle avait la richesse, l’influence et la puissance… Et sa fille unique était appelée à suivre ses pas. Très tôt, un collier fût créé afin de lui servir d’artéfact et elle fût placée dans un dojo pour apprendre à contrôler sa magie alors qu’elle n’avait encore que six ans. Cet apprentissage se passa plutôt bien. Le rythme était exigeant et les leçons n’étaient pas faciles, mais Aster n’était pas seule. Entourée d’enfants comme elle, ils avançaient à leur rythme, se soutenant dans les moments compliqués. Leurs maîtres étaient particulièrement attentifs à leur enseigner la manipulation des éléments mais également la rigueur martiale, l’humilité, le respect et l’entraide entre autre. Au-delà de l’apprentissage purement technique, leur objectif était que les élèves ressortent de l’école avec des valeurs qui leurs serviraient toute leur vie, mais surtout qu’ils forment un groupe soudé si cela était possible. C’est dans cet environnement qu’Aster découvrit son affinité particulière avec l’eau et surtout le don inné qui lui permettait d’y respirer et de résister à la pression des profondeurs. Par ailleurs, il leur fût également enseigné le Muay Thaï qui était le sport national de la Thaïlande et un art martial important dans l’histoire du pays ainsi que les matières scolaires plus classiques. Les futurs élémentalistes passaient donc toutes leurs journées ensemble, contribuant ainsi à renforcer les liens entre eux.

C’est ainsi qu’aurait dû se dérouler toute la scolarité d’Aster. Si les choses s’étaient passées ainsi, peut-être que les choses seraient différentes aujourd’hui. Sans doute même. Hélas, tout cela devait prendre fin et ce simple changement, tel un battement d’aile de papillon, aurait des conséquences dignes d’un raz-de-marée dévastateur, des années plus tard à l’autre bout du globe. En effet, la mère d’Aster fût missionnée pour partir au Canada, plus précisément à Vancouver où la communauté des élémentalistes réclamait un émissaire diplomatique pour défendre leurs droits auprès de la FSV. En tant que figure importante de la communauté et étant également familière de la culture sorcière occidentale du fait de ses études menées en France, Madame Chaison avait reçu l’honneur d’être nommée pour cette mission. C’est ainsi qu’à dix ans à peine, Aster quitta amis et repères pour partir à l’autre bout du monde. Comme cadeau d'adieu, son maître lui offrit le bracelet qu'il avait fait créé pour elle en avance. Normalement, les élèves le recevait une fois qu'ils avaient passés au moins sept ans dans l'école. C'était un artéfact puissant qui permettait de contrôler l'électricité. C'était une tradition au sein du dojo, l'électricité étant une énergie primordiale de leur monde moderne, fournir à leurs élèves le moyen de la contrôler était une façon de reconnaître et rétribuer leur travail.

La transition aurait pu se dérouler correctement si la matriarche n’avait pas décidé de devenir la professeur particulière de sa fille dans le domaine de la magie. Malee avait toujours eu une compréhension instinctive de cette dernière et la manipuler n’avait jamais représenté un défi pour elle. Pour Aster, il n’en allait pas de même. Elle devait apprendre à percevoir et manipuler correctement les flux magiques, ce que sa mère n’avait jamais eu besoin d’apprendre et était donc bien en peine de lui expliquer. Au fur et à mesure des années passant, la frustration montait en Malee. Pourquoi était-ce aussi difficile pour Aster de réaliser ce qui lui semblait être d’une simplicité enfantine ? Involontairement, elle ancra dans la tête de sa fille qu’elle était une incapable et une déception, certitude qu’Aster passerait le reste de sa vie à combattre.

Côté vie scolaire, les choses se passaient bien mieux pour l’adolescente. Elle n’avait pas beaucoup d’amis, mais elle s’entendait plutôt bien avec ses camarades bien que certains voyaient d’un mauvais œil ses excellents résultats, son côté légèrement coincé et ses origines thaïlandaises. Elle était brillante d’un point de vue scolaire et travailleuse, mais Aster souffrait de l’absence de ses amis élémentalistes. Ils avaient vécus ensemble comme une famille pendant quatre ans, quasiment aussi soudés que les doigts de la main et cette solitude soudaine n’avait rien d’agréable pour l’écolière. Alors elle se réfugiait dans le muay thaï qu’elle continuait à pratiquer assidûment et dans les valeurs enseignées par ses professeurs, faisant d’elles des préceptes de vie qu’elle s’efforçait de suivre autant que possible. C’est également à cette période qu’Aster commença la guitare et le chant, activités qu’elle ne lâcherait plus pour le restant de ses jours.

Ce fût durant les années de lycée d’Aster que le vase déborda. Lors d’une énième leçon inutile qui ne les avançaient à rien sinon à s’énerver, l’adolescente décida de rendre son tablier. Des années à prendre sur elle, à endurer les mots parfois durs de sa mère et sa confiance en elle qui se faisait détruire un peu plus à chaque séance… Tout cela arrivait à son terme. Pour la première fois, Aster leva la voix contre Malee, refusant de continuer à apprendre la magie que cela soit à ses côtés ou dans une école. Puisqu’elle était aussi nulle et pathétique, pourquoi s’obstiner inutilement, alors qu’elle pourrait prendre ce temps pour s’investir dans son travail scolaire dans lequel elle brillait bien plus ? Malee était désœuvrée. Était-ce donc l’image que sa fille avait d’elle-même ? Était-ce sa faute ? Les reproches et les mots durs, pour une fois, ne blessaient pas son orgueil d’élémentaliste mais bien son cœur de mère. Ce fût suite à cette dernière session catastrophique qu’il fût décidé qu’Aster irait finir ses études en France au sein de la même communauté de sorcières qui avait accueilli Malee plus de vingt ans auparavant. La mère gardait un excellent souvenir de ses études en France et elle espérait que le fait de découvrir une nouvelle façon de pratiquer la magie aiderait sa fille à pacifier son rapport avec cette dernière.

Dans un sens, cela fonctionna. Aster se plongea avec passion dans l’apprentissage du côté théorique de la sorcellerie tout en refusant toujours catégoriquement de passer à quelque pratique que cela soit. Elle apprit l’organisation des sorciers d’Occident et leurs façon de manipuler la magie. Leur culture. Leurs manières. Leurs traditions et leur art de vivre, si différents de ce qu’elle avait connu enfant. Lui demander de choisir entre la sorcellerie et l’élémentalisme, c’était comme lui demander de faire un choix entre un lit et une armoire : les deux étaient des meubles utiles, mais leurs points communs s’arrêtaient à peu près là et faire un choix n’avait aucun sens. Néanmoins, Aster se sentait plutôt à son aise en France. Elle n’avait pas la sensation de devoir prouver de quoi elle était capable, elle n’était pas la fille de Malee Chaison, elle n’avait pas à être à la hauteur de sa mère. Elle devait juste être elle-même et faire de son mieux. Lentement, elle se fit une place de l’autre côté de l’océan Atlantique.  Elle avait ses amis, son appartement, ses habitudes, ses études de gestion et même un travail puisqu’elle avait été engagée en tant que secrétaire dans le lycée où elle avait fini ses études. En somme tout se passait parfaitement bien et Aster aurait sans doute pu finir sa vie en France si le destin ne s’était pas attaché à la ramener une nouvelle fois au Canada et d’une des pires façons possible.

Au printemps 2022, un cancer du col de l’utérus fût diagnostiqué à Malee. Quelques semaines plus tard, Aster était de retour au Canada pour être aux côtés de sa mère. Les deux femmes Chaison ne s’étaient que peu vues depuis le départ de celle qui n’était alors qu’une adolescente à l’époque. Cependant les circonstances firent que les retrouvailles furent moins tendues que ce qu’elles avaient redouté. L’état de Malee était inquiétant et l’heure n’était plus aux querelles et à la rancœur. Aster n’avait que sa mère pour seule famille et elle l’aimait énormément. La jeune femme n’imaginait pas sa vie sans sa mère et l’idée de sa disparition possible et prochaine lui ôtait le sommeil. Elle n’était d’ailleurs pas la seule à être effrayée par cette possibilité. Malee se demandait ce qu’il adviendrait de sa fille le jour où elle disparaîtrait. Bien sûr, elle avait élevé Aster pour qu’elle soit une femme responsable et autonome et elle l’était. Mais elles n’avaient plus de famille et Aster avait quitté le Canada depuis plusieurs années maintenant… Qui lui viendrait en aide pour se remettre en selle si elle mourrait ? Alors elle rangea son orgueil dans sa poche et se décida à faire appel à une amie de longue date : Sophie Tremblay. Elle savait que cette dernière était une remarquable négociatrice, mais qu’au nom de leur amitié, elle accepterait de lui faire une fleur et de faire passer un entretien d’embauche à Aster. Ainsi elle savait que sa fille serait protégée par son statut d’employée si les relations entre la DUST et le FSV venaient à se détériorer.  L’autre bonus serait que Sophie pourrait veiller sur elle et lui offrir son assistance pour la suite.

Quelques semaines plus tard, Aster était embauchée en tant qu’assistante au gestionnaire de stock au sein de la DUST. Cela payait plutôt bien et cela matchait totalement avec le diplôme de comptabilité et gestion de la jeune femme, alors ça lui convenait plutôt bien. Elle était encore en train de se ré-habituer à la vie au Canada, alors le fait d’avoir un travail servit sur un plateau d’argent était une aubaine. Elle ignorait que c’était sa mère qui avait demandé à Sophie de voir si elle pouvait l’engager, sinon elle ne l’aurait certainement pas accepté. Mais comme la canadienne la connaissait depuis de nombreuses années, cela ne l’interpella pas plus que cela. Elle prit un appartement en colocation pas très loin de celui de sa mère afin de pouvoir continuer à être à ses côtés, reprit sa pratique du Muay Thaï dans son ancien club et même, à l’hiver 2023, entra dans un petit groupe de musique en tant que chanteuse et guitariste.

Et un peu moins de deux ans après le retour d’Aster au Canada, elle en est là. Un job où elle a fait son trou, une vie privée largement assez remplie pour le peu de temps libre dont elle dispose, quelques amis, pas beaucoup mais juste assez. L’état de sa mère est stable, pour le moment. Souvent, Aster se demande ce qu’il se serait passé si elles n’avaient jamais quitté la Thaïlande. Elle pense encore beaucoup aux élèves de l’école, à leur complicité. Pensent-ils encore parfois à elle de leur côté ? Sont-ils restés aussi liés ? Parfois, Aster a l’impression de ressentir douloureusement leur absence dans ses os. Pendant quatre ans, ils avaient formés comme une grande fratrie. Ses plus beaux progrès en magie, Aster les avaient fait à leurs côtés, les valeurs enseignés par leurs professeurs guidaient encore sa vie. Elle porte même encore le collier qui a été créé pour elle dans son enfance. Cependant, elle n'en a plus réellement l'utilité. Aster n'utilise plus réellement la magie dans son quotidien, même si, par pure fantaisie, elle allume parfois encore ses bougies avec ses doigts ou prend soin des plantes de l'appartement, les aidant à rester en vie avec un peu de magie. Sans doute que son artéfact pourrait lui permettre d'aller plus loin, mais ce n'est pas une option qu'elle explore, se contentant de sa capacité de faire apparaître les éléments de nul part, se servant ensuite de son don inné pour les contrôler. Est-ce par manque d'envie ou bien par peur ? Elle l'ignore elle-même. Son rare usage de la magie se fait plutôt du côté de son don inné lorsqu'elle explore avec plaisir les fonds marins durant ses vacances, loin du reste du monde. Quant au bracelet, il est toujours autour de son poignet, sa présence aussi naturelle que s'il faisait parti de son être. Pourtant, Aster n'a jamais fait usage de l'artéfact, sa mère n'ayant pas réussi à lui apprendre à s'en servir. Elle le garde néanmoins en souvenir de son enfance et afin de se remémorer qu'un jour, ses capacités ont été reconnues. Il est une de ses possessions les plus précieuses.

Etait-ce vraiment son destin de devenir cette employée administrative qui vit presque comme une humaine ? Respecte-elle encore les valeurs dans lesquelles elle a été élevée ? Finalement, inconsciemment, ne se serait-elle pas écarté de la voie ?

Hello et bienvenue par ici !

Je suis trop content de voir de nouvelles bouilles débarquer et ramener des personnages super intrigants ! C'est vraiment chouette de voir les rangs de la DUST se remplir et j'ai hâte d'en lire plus au sujet d'Aster

En tous cas, n'hésite pas à m'envoyer un MP ici ou sur discord si tu as la moindre question, et bon courage pour la rédaction !

Bienvenue !

Super intéressant de voir une catalyseur (catalyseuse, du coup ?) dans les rangs de la DUST. Je suis très curieux de voir comment ça s’est passé pour elle et son rapport à tout ça. J’ai hâte d’en découvrir plus sur Aster !

Bon courage pour la suite de la rédaction.  

Hey Bienvenue

Je suis du même avis que mes camarades, super idée et très hâte d'en découvrir plus

Hello !
Merci beaucoup à vous trois ^^ J'espère que Aster vous plaira malgré son petit côté... Insupportable diront nous ? x) J'ai assez hâte de la jouer justement dans son rapport à son travail d'un côté et à ses pouvoirs de l'autre, bien qu'elle ai une façon plutôt originale de gérer cette dualité là !

Ouh ! Quelle jolie demoiselle ! J'adore ton début de fiche ! Vivement qu'on déchaine la puissance administrative de la DUST ! Mouahahahahaha !

Bon courage pour la suite ! J'ai vraiment hâte de lire ton histoire