Keegan Jones
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Keegan Jones

@ Keegan Jones

Keegan Jones
WENDIGO
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Jeu 15 Fév 2024 - 20:09

Keegan Jones

feat. Freddy Carter
nom et prénom Keegan Jones
date de naissance, âge 10 Mars 1994, 29 ans
origines, nationalité Canadien, originaire de Winnipeg
genre, pronoms Il/Lui
occupation Pour l’instant la galère. Il répond à des annonces pour des petits jobs pas fous.
lieu d'habitation Pour le moment sur le canapé d’une amie à Vancouver est.
groupe Wendigo
29 ans – cherche un taf – Vancouver ouest - Wendigo

taking a closer look

caractère et signes distinctifs

Je suis issu d’une longue lignée de gens qui boivent trop, fument trop, font trop la fête et baratinent trop, et je suis clairement à l’image de mes prédécesseurs. C’est une tradition familiale d’être un loser. On tente la fac pour les soirées étudiantes en sachant pertinemment que ça ne donnera rien. Pas très intéressé par le fait de faire carrière ni même de faire les choses bien, j’ai appris à vivoter au gré des boulots minables, gagner assez pour payer les factures et les pintes. C’est un peu la galère mais toujours moins que de s’enfermer toute sa vie dans un bureau pour gagner plus, toujours plus. Je préfère claquer ma vie dans les bars plutôt que faire des projets d’avenirs et je suis juste assez dégourdi pour obtenir ce que je veux dans l’immédiat mais guère plus. Mais maintenant que j’ai un appétit atypique, peut être que je vais devoir commencer à planifier un peu plus pour pas me retrouver dans la merde. Un putain de challenge.

Dans la vie, je suis très curieux des gens. Je leur parle, beaucoup, et je dis beaucoup de conneries aussi, avec un vocabulaire plus que douteux qui plus est. Raconter de la merde c’est un bon moyen de se rapprocher des autres et de fuir la triste réalité qui nous ronge, et je trouve qu’un sourire a toujours été un bon cache-misère. Avec ces derniers mois difficiles, j’en ai beaucoup des choses à dissimuler derrière un sourire. L’avantage c’est que cette attitude légère et superficielle attire facilement les gens. J’ai plein de potes, facilement. Pas forcément beaucoup d’amis de ceux qui t'aideraient à enterrer un cadavre, mais au moins je peux faire semblant de ne pas être complètement seul.

Je n’ai jamais été particulièrement remarquable par mon style, j’ai la banalité abyssale des gens qui trainent dans les rues qui sentent la bière et la clope. Ces derniers temps je ne peux plus sortir en journée sans une paire de lunettes de soleil sous peine de me faire cramer la rétine. Un effet secondaire étrange de ma nouvelle condition. Comme si la lumière n’était pas déjà assez désagréable en pleine gueule de bois.

opinions et connaissance du surnaturel

Je sais très peu de choses sur le surnaturel, ma transformation est très récente et je n’ai pris mes informations que de la part de celui qui m’a transformé. Ce n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler une source fiable. Il m’a expliqué la nécessité de se nourrir de viande, surtout de viande fraîche. J’ai obtenu beaucoup d’informations en très peu de temps sur les avantages de cette nouvelle nature, comme cette incroyable capacité de cicatrisation. Le bout de bras qu’il m’a bouffé a cicatrisé d’une manière si totale que l’on dirait que jamais ses dents n’ont rencontré ma chair. Il m’a aussi parlé d’inconvénients, mais est-ce que je peux vraiment le croire ? Existe-il réellement des groupes de wendigo qui se rassemblent et qui sont plus violents que des meutes de hyènes ? Est-ce vrai que je risque la folie si je me nourris de viande vieille et froide comme un charognard ? Suis-je condamné à perdre tout contrôle si jamais je reste seul ? Je suis incapable de démêler le vrai du faux, de déterminer s’il s’agit de vérités terribles ou de nouvelles manipulations qui visaient à m’empêcher de partir.  

[Une partie des informations qu’on lui a donné sur les wendigo sont fausses, il va devoir faire le tri dans ce qu’on lui a dit. Pour le reste, Keegan ignore tout du surnaturel. Il n’y a jamais vraiment cru, ne voyant cela que comme des histoires parmi tant d’autres. Après sa transformation, ses opinions vont sans doute évoluer, mais pour l’heure il a trop à faire pour y penser. Peut-être que s’il se posait un peu pour y réfléchir, l’existence des vampires, loup-garou ou de la magie ne lui semblerait finalement plus si impossible, mais il a bien trop à gérer pour le moment avec l’appétit infernal dont il a hérité. Autrement, sa tendance naturelle irait plutôt à la curiosité.]

Ulfhe


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WENDIGO
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Jeu 15 Fév 2024 - 20:10

histoire

Poison



‘Trigger Warning’:

J’ai faim.
Si faim.

Le doux vrombissement du bus et ses légères oscillations sur l’asphalte me bercent dans ce voyage trop long. Les minutes sont devenues des heures, les heures ont été englouties dans la nuit qui elle-même est redevenue le jour. Mes yeux sont figés sur le paysage qui défile et je me fiche du paysage, du ciel bleu, et de ce décor paisible et plein d’une joie libre. J’ai faim. Je ne pense qu’à ça. Pas à la musique qui se déverse de mes écouteurs, qui pourtant sont des notes que j’ai tant aimées et qui m’ont tant permis d’oublier. J’ai faim. Aujourd’hui il n’y a plus que ça qui compte. Et j’en tremble. Et j’ai peur. De lui. Et de moi. Ici et maintenant, au milieu de tous ces gens, j’ai surtout peur de moi. Et lui, je le déteste comme jamais une âme a pu bruler d’une si grande haine. A peine un souffle qui s’échappe de mes lèvres, plein de rancœur et de douleur, de souvenirs que j’honnis et qui me brisent le cœur d’une mélancolie malvenue et avilie :

« Connard. »

Il avait un si beau sourire pourtant.
Son sourire c’est la première chose qui m’a perdu. A l’autre bout du bar, il m’a vu, son regard a capté le mien et j’en ai oublié le bruit des gens et la musique trop forte. Et puis il m’a souri, de ce sourire charmeur qui te noie dans l’abysse. Il est venu et on a bu un verre ensemble. Puis un autre. On s’est parlé une éternité, puis on s’est tut et c’est le soleil qui est venu nous réveiller dans son appartement. Une nuit hors du temps que j’aurais fini par oublier comme bien d’autres s’il n’avait pas appelé un soir. Puis un autre. Et de nombreux suivants. Si j’avais su, j’aurais noyé mon téléphone puis ma solitude dans du whisky.

Une vibration insistante m’arrache à mes pensées. Je tire mon téléphone de ma poche et vois son nom apparaître, comme l’écho d’un millier d’autres fois. Il insiste, ce monstre. Il faudrait que je me débarrasse de mon téléphone. Est-ce qu’on peut vraiment localiser quelqu’un avec ou bien c’est quelque chose qui n’existe que dans les films ? L’espace d’une seconde une peur froide et piquante m'envahit. J’avise la fenêtre du bus, et comme pris par une pulsion impérieuse je l’entrouvre et enfouis mon téléphone dans l’entrebâillement. L’appareil se fait aussitôt avaler par le vide, allant probablement se fracasser contre la route. Peut-être est-ce excessif, mais je me sens mieux. Un peu. Juste un peu. Comme ça au moins je ne serai plus jamais tenté de décrocher. Pourquoi malgré tout ça j’ai encore envie de lui répondre ? C’est pitoyable. Peut-être parce qu’au début c’était magique.

On se voyait tout le temps et quand on était loin on s’envoyait des messages comme le feraient des collégiens perdus dans leurs premiers émois. On sortait, on riait, on passait d’innombrables heures dans ses draps comme si rien d’autre n’existait. Je lui faisais remarquer que sa peau était glaciale et il me répondait en riant que c’était son héritage d’Iqaluit où la température était négative presque toute l’année. On se marrait bien. Il m’appelait de ce surnom débile, Kitty, qui m’aurait exaspéré venant de n’importe qui d’autre, mais avec lui je trouvais ça attendrissant. C’est pas grave, laisse-moi faire, Kitty. Tu sors voir tes amis, Kitty ? Tu veux qu’on se commande à manger, Kitty ? Il me donnait tout et jamais je ne m’étais senti aussi aimé et en sécurité avec quelqu’un. Quel con. J’avais un appartement miteux dans un colocation pas terrible et lui ce grand et bel appartement. Alors évidemment que j’ai emménagé à la seconde où il me l’a demandé. Je n’y ai vu qu’une nouvelle vie et pas un piège qui se refermait.

J’ai besoin d’une clope. Foutu bus. Le prochain arrêt n’est pas avant plusieurs heures. J’ai dépensé mes derniers sous pour ce voyage. Deux jours, douze heures. Trois cents balles, trois provinces traversées. Quatre si on compte celle de départ. J’espère que ça fera une distance suffisante pour qu’il ne me retrouve pas. J’aurais dû me prendre ces conneries de patch ou de chewing-gum à la nicotine pour me calmer les nerfs. Je n’aime pas vraiment me rappeler de cette chute en enfer, mais elle m’obsède. Et si j’avais vu les signes ? Et si j’étais parti à ce moment-là ? Les choses auraient été si différentes. Et ça me serre le cœur rien que d’y penser.

Au début, c'était le paradis. Après mon taf pas ouf je rentrais dans ce merveilleux appartement pour passer la soirée dans ses bras. On commandait à manger, on oubliait les jours moroses. Une petite bulle qui a duré un certain temps. On sortait moins, à l’aise loin du monde. Quand je me plaignais au détour d’une phrase de mon boulot nul, il me disait de le lâcher, comme pour rire. Puis plus sérieusement. Il me promettait monts et merveilles, de voyager, de s’occuper de tout. Il me disait que c’était ridicule que je m’obstine à travailler pour des connards dans ce fast-food puant alors que lui gagnait suffisamment pour deux. Je n’avais même pas l’excuse de prendre une mauvaise décision à cause de la jeunesse, j’ai juste été stupide. Et je détestais vraiment ce job. Alors je l’ai lâché. Je crois que c’est vraiment à partir de ce moment que les choses ont changé. Insidieusement. Comme un poison qui se distille dans un rêve pour le transformer en cauchemar.
Il était si charmant et respectueux au début. Et puis il a commencé à ne plus l’être. Il n’avait pas vraiment changé, mais… c’était différent. La moindre chose qui n’était pas faite à sa manière était source de remarques à la douceur piquante, masquant mal leurs mesquineries. C’est pas grave, Kitty, c’est pas comme si tu savais faire quoi que ce soit de toute façon. Commande à manger Kitty, sers à quelque chose. Des reproches, toujours, quand je n’étais pas là quand il rentrait. T’es sorti voir tes amis, Kitty ? Encore au bar ? C’est pitoyable. Il y avait un douloureux écho dans ma vie. Une version pervertie et dévoyée de ces phrases qu’il me disait autrefois. Et puis il y avait la jalousie. Tellement de jalousie. Mes retours de soirées devenaient des interrogatoires interminables. T’as vu qui ? Où ça ? Quand ? A combien de gens t’as parlé ? Ils t’ont dragué ? Et c’est qui ces amis d’ailleurs ? Pourquoi tu les vois ? Tu les préfères à moi ? Ils ont fait quoi pour toi, eux ? Et tu crois que tu pourrais t’en sortir sans mois ? T’as pas d’appart, pas de travail, y a que moi qui tiens à toi, alors pourquoi aller voir d’autres gens ?

Interminable.
Inlassable
Incessant.

Alors j’ai arrêté de sortir, peu à peu. Pas pour céder, mais juste… ça devenait compliqué. Que vaut un verre avec des potes contre une nuit de drame inutile ? J’ai laissé couler. J’ai cru que c’était de l’amour. Ce genre d’amour déraisonnable qu’ont les hommes qui ont grandi dans cette société où on leur dit que la jalousie c’est l’amour. Stupide. Si stupide. Et puis les choses se sont améliorées. Il est redevenu doux comme avant. Mon cœur s’est remis à battre pour lui, mais ça n’a pas duré. Les critiques sont revenues, mais c’était la faute de son travail, il était sans doute stressé. Et puis il a commencé à me demander des choses que je ne voulais pas faire, à insister, encore et encore, en sous-entendant que je vivais chez lui et qu’il payait tout, alors je peux bien faire ce qu’il me demande, non ? Et j’ai eu peur.

Je n’avais nulle part où aller, plus d’argent et plus d’amis.
J’étais seul, sans rien.
Je n’avais plus que lui.

Je crois qu’il l’a compris. Peut-être était-ce une espèce de plan tordu qu’il avait depuis le début, peut-être pas. Il ne cessait jamais de répéter à quel point il ne voulait plus être seul, je pense que c’est pour ça qu’il a mal réagi quand j’ai dit que je voulais prendre un peu d’espace. Stupide. J’aurai dû prendre mes affaires et trouver un bout de canapé quelque part, partir sans rien demander. Mais malgré toutes ses conneries, je crois que je l’aimais encore. Alors je lui ai dit que j’avais besoin d’un peu d’espace. C’est ce jour-là qu’il m’a frappé pour la première fois. J’ai comme un black-out, sans doute le choc. Je me rappelle juste en être tombé. Me retrouver comme un con sur le parquet, la main sur ma joue brûlante, hébété, ahuri, refusant de croire que c’était possible. Il s’est aussitôt confondu en excuses. Il avait l’air plus mal que moi. J’aurais dû partir. Claquer la porte. Mais il avait l’air si choqué de son geste, si désolé. Je n’ai pas pu m’en aller.

« Je suis qu’un crétin, je suis vraiment qu’un gros con. »

Les dents serrées, je me rends compte que j’ai parlé à voix haute dans le bus. J’entends même une petite voix fluette derrière moi s’écrier : Maman ! Le monsieur il a dit un gros mot ! Et ouai ma petite et je peux même t’en apprendre une bonne centaine. J’inspire. J’expire. Je me calme. La route est encore longue. J’appuie ma joue contre la vitre fraîche, comme pour effacer la douleur rémanente du souvenir de ce premier coup qui ne fut pas le dernier.

Ce cycle infernal a duré un certain temps. Une relation idyllique, qui se laissant ensuite assaillir par sa méchanceté, son agressivité, sa jalousie, et à la seconde où ça allait trop loin il s’effondrait en excuses et faisait tout pour se racheter. J’ai perdu le compte du nombre de fois où ce cycle s’est répété. A contre coup tout semble si évident, je vois bien la boucle terrible qui s’est réitérée dans ma vie comme le passage inexorable des saisons, mais sur le moment j’avais toujours trop d’espoir, ou pas assez de recul. On oublie toujours à quel point l’hiver est froid, on s’accroche trop à l’idée qu’il va s’en aller, mais j’ai été suffisamment stupide pour me mentir en pensant que l’hiver ne reviendrait jamais.

Un jour j’ai réussi à me décider. C’était la fois de trop. Il n’allait pas changer, alors j’allais partir. J’ai balancé mes quelques affaires dans un sac. Je voulais filer tant qu’il n’était pas là, ne pas me retourner, mais il est rentré plus tôt, comme souvent pendant cette phase où il n’est qu’excuses et contrition. Il m’a vu avec le sac. Ça l’a stoppé net dans l’encadrement de la porte, la main toujours sur la poignée. Je crois que mon cœur s’est arrêté de battre à ce moment-là. Les secondes se sont étirées en un temps infini alors qu’il fermait la porte avec ce calme glacial qui caractérise l’arrivée de la plus terrible des tempêtes.

Et quelle tempête.
Une fureur telle que je n’en ai jamais vue.
Une horreur telle que je n’en ai jamais vue.

Sous la rage, il s’est transformé en un monstre. J’ai cru être devenu fou, pris d’hallucination terribles et grotesques. Les yeux trop écarquillés. Le cœur battant trop fort. Je me suis retrouvé dos au mur sans vraiment me rappeler pourquoi. Peut-être un pur instinct de fuite dicté par la terreur absolue et étouffante. Le monde entier a disparu, je ne voyais plus que cette horreur décharnée et cornue à la stature immense dont l’image a dévoré le reste du monde. J’en ai oublié de respirer. Je ne savais même plus comment faire. La réalité s’est brisée tout entière. Sa main aux griffes démesurées collée sur mon visage, m’empêchant de crier. Sa trop grande stature se pliait tant que ça semblait être un geste peu naturel. Sa gueule décharnée et déformée s’est approchée. Trop. Beaucoup trop. Dans un réflexe purement primitif j’ai essayé de me protéger en plaçant mes avant-bras entre nous et j’ai fermé les yeux fort, si fort, en espérant que tout ça ne soit qu’un cauchemar, que j’allais me réveiller. Une douleur sourde m’a transpercé l’avant-bras, me faisant pousser un cri aussitôt étouffé par l’emprise terrible du monstre. La douleur s’est intensifiée et j’ai hurlé davantage. Et puis quelque chose a cédé. La tête de la créature est partie en arrière et son immonde crâne s’activait comme pour mâcher. La douleur m’a presque fait perdre la tête. Un liquide chaud s’est mis à couler et il m’a fallu un temps infini pour comprendre que c’était mon sang. Mon cœur s’est accéléré encore, la peur me tétanisait et puis finalement le blackout. Je ne sais pas si c’est la peur, la douleur ou bien si j’ai tourné de l’œil à ce moment-là, mais la dernière chose dont je me rappelle c’est le sang, la souffrance, cet être monstrueux en train de mastiquer ma chair et cette certitude inexorable : il va me dévorer vivant. Je vais mourir.

Finalement je ne suis pas mort, mais la mort aurait sans doute été préférable.

Après ça je me rappelle m’être réveillé sur le canapé, le bras bandé. La première chose dont je me suis souvenu était la douleur, puis l’horreur. Le sang avait disparu, son odeur métallique remplacée par la fragrance entêtante de la javel. Et j’avais si faim.
Il m’a tout raconté. Cette histoire invraisemblable de créature affamée de chair humaine, les années qu’il a passé seul face à cette malédiction. Si je ne l’avais pas vu, je n’y aurais jamais cru. Je voulais tant que ce soit faux, une énième manipulation odieuse de sa part, mais cette faim me tiraillait les entrailles et je sentais qu’elle ne serait pas comblée avec de la nourriture ordinaire. Trop de pensées me dévoraient. C’est un monstre. Je suis un monstre ? Il m’a mangé. Il mange des gens. Depuis tout ce temps. Je peux pas. Je veux pas. Et je me sens si mal, si faible, malade, perdu. Il est parti un certain temps. Une dizaine de minutes ou une dizaine d’heures, je ne saurais pas dire. C’était comme si j’étais drogué et malade, noyé dans un mal être général et perdu en enfer. Peut-être que j’aurais dû fuir, mais j’étais bloqué en moi-même par ce flot trop massif de réalité méconnue qui m’est arrivé en pleine gueule. Il est revenu avec ce sac qu’il avait parfois en rentrant. Je n’y avais jamais vraiment prêté attention jusque-là. Il a traversé la pièce, semblable à d’habitude, mais dans mon esprit se superposait l’image du monstre et j’en tremblais d’effroi. Je ne voulais pas qu’il m’approche. Il s’est assis pas loin et a ouvert le sac pour en tirer un étrange paquet soigneusement emballé. A mesure où il retirait les couches dissimulant le contenu, une odeur forte et ferreuse a commencé à se répandre. Au bout d’un temps interminable il a révélé une sorte de viande étrange si semblable aux autres et pourtant avec un aspect que je n’ai jamais vu auparavant. Avec ses mots j’ai compris. Horrible. Répugnant. Terriblement tentant.

C’est terrible de savoir qu’on a en face de soi un morceau de muscle arraché à un être vivant qui a été tué et qui ne voulait pas mourir. C’est terrible de, malgré tout, avoir une terrible envie de le dévorer comme un simple produit de consommation qu’on aura oublié peu de temps après. Au début j’ai résisté. Puis j’ai cédé.

C’était horrible.
C’était merveilleux.

Tu sais, tu ne t’en sortiras jamais sans moi Kitty. Je ne t’imagine pas tuer qui que ce soit. Il avait raison. L’idée même de manger des gens était horrible. Il ne m’a jamais vraiment expliqué où il trouvait ses victimes, mais il a pris soin de me raconter comment il les tuait et l’impact que ça avait sur le goût de la viande. Je ne pourrai jamais faire ça. J’aurais tant voulu qu’il la ferme, ne rien savoir, que tout ne soit qu’une vaste plaisanterie cruelle. J’aurais préféré que le monde explose. Il me disait avoir connu quelqu’un qui avait refusé d’en manger et qui était devenu fou. J’aurais aimé être assez fort pour me buter, mais je n’ai pas pu. J’ai commencé à vivre dans le déni, ne pensant pas à la provenance de cette viande et à la personne qui était morte pour qu’elle soit là. Ne pas y réfléchir, juste manger. Ne pas avoir à se salir les mains, juste mâcher et avaler. Et l’emprise qu’il avait sur moi est devenue incommensurable. C’était comme avant, mais en pire. J’en ai perdu le sommeil, j’aurais pu en perdre la raison. Je voulais partir, sans jamais oser. J’avais peur d’être un monstre, mais aussi de ne pas l’être suffisamment pour faire ce qu’il faisait. Curieusement il y avait un certain confort à ne pas penser à, disons, la logistique de ce nouvel appétit inique. Cet équilibre précaire entre l’envie de fuir et la peur de le faire a duré des semaines. Sans doute plus. Un interminable cauchemar, jusqu’au jour où j’ai enfin réussi à m’en extirper. Ce jour-là, il a ramené des morceaux de viandes plus petits que d’habitude, plus… enfantins. Je l’ai interrogé, il n’a pas nié, arguant que de toute façon les parents pouvaient en faire d'autres. Toute ma bulle de déni a brutalement volée en éclat. Le lendemain je suis parti. Dans la peur de ce que je suis, de ce que je peux faire, de ce que je devrai faire, je suis parti. Avec la certitude que rien n’irait plus jamais et que je devrais toujours taire ce terrible secret, je suis parti. J’ai appelé une vieille amie de ce temps si lointain où j’avais tenté la fac. Elle habite loin d’ici, à Vancouver, et elle a bien voulu me prêter un bout de canapé pour quelques temps. Je sais à quel point je la mets en danger, mais c’est mon seul espoir de fuir tout ça. Alors j’ai claqué mes derniers sous pour prendre le bus vers l’ouest et j’ai rempli mon sac de quelques affaires et de toute cette viande terrible qu’il avait laissée dans le frigo ce jour-là. Il va falloir que je me rationne. Il va falloir que je trouve une solution. Déterrer les cadavres juste après leurs funérailles peut-être ? Me faire engager dans un endroit qui côtoie la mort ? J’en ai aucune foutue idée.

Ça va être un putain d’enfer.
Ça va être la putain de liberté.

Spoiler:
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@ Jade Fletcher

Jade Fletcher
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Ven 16 Fév 2024 - 23:09
Bienvenue iciiii o/ (je pouvais pas laisser ta fiche sans un mot, ça me faisait trop de peine :drama: )
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@ L'architecte

L'architecte
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Ven 16 Fév 2024 - 23:10

Encore un petit effort


Je vais faire vite et bien parce qu'il y a pas grand chose à redire sur cette fiche, mais tout d'abord un petit préambule : je suis vraiment trop content de te voir ici et que le l'univers t'inspire. Et quel honneur que ce soit ta fiche pour mon baptème de modération.

Sans plus attendre, il y a une paire de détails que j'aimerais que tu apportes à la charmante histoire de Keegan.
Le connard copain de Keegan était donc un wendigo. Est-ce qu'il l'était depuis leur rencontre ? Est-ce que Keegan avait remarqué les caractéristiques du wendigo chez son compagnon (température basse, photosensibilité, etc), si oui est-ce qu'il les a questionnés ?
Enfin, le copain en question se nourrissait donc régulièrement de chair humaine. Comment se la procurait-il ? A quel point était-il discret à ce sujet et à quel point Keegan était impliqué ou relié à ce trafic ? Ou en d'autres termes peu innocents : est-ce que c'est quelque chose qui pourrait le poursuivre ?

Tu sais où me trouver quand tu auras ajouté ces détails !
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@ Keegan Jones

Keegan Jones
WENDIGO
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Sam 17 Fév 2024 - 8:51
Merci ! o/

L'architecte a écrit:
Le connard copain de Keegan était donc un wendigo. Est-ce qu'il l'était depuis leur rencontre ?

Yes, j’ai rajouté une phrase à ce sujet.

L'architecte a écrit:
Est-ce que Keegan avait remarqué les caractéristiques du wendigo chez son compagnon (température basse, photosensibilité, etc), si oui est-ce qu'il les a questionnés ?
Oui, sans jamais vraiment s’en soucier. J’ai ajouté un petit truc là-dessus.

L'architecte a écrit:
Enfin, le copain en question se nourrissait donc régulièrement de chair humaine. Comment se la procurait-il ?

Keegan n’a pas d’info particulière à ce sujet. J'ai précisé le truc dans une note à la fin.

L'architecte a écrit:
A quel point était-il discret à ce sujet et à quel point Keegan était impliqué ou relié à ce trafic ? Ou en d'autres termes peu innocents : est-ce que c'est quelque chose qui pourrait le poursuivre ?

Il était suffisamment discret pour ne pas s’être fait chopper en plusieurs années, je dirais. Sinon Keegan n’est pas du tout impliqué, même pas au courant de comment il trouve ses victimes, mais techniquement il a quand même mangé ce qu’on lui apporté. De ce point de vue, il est quand même coupable de quelque chose. J’ai précisé un peu ce qu’il sait et ce qu’il ignore dans l’histoire.

Je t’ai mis la version avec suivi de modifications sur discord pour pas que tu te retapes toute la lecture. What a Face
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@ L'architecte

L'architecte
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Sam 17 Fév 2024 - 9:51

Félicitations


Keegan Jones Otter-clapping

Ta  fiche est validée, et les portes de Vancouver s'ouvrent à toi ! Tu peux dorénavant poster ta fiche de liens et aller rôder sur celles des autres personnages pour trouver quelqu'un à martyriser - ou inversement, la suite ne me regarde pas. Tu as maintenant le droit d'aller flexer ta nouvelle couleur partout dans la zone RP, et on espère que y prendras un maximum de plaisir. Dans tous les cas, si tu as le moindre problème ou la moindre question, le staff reste à ta disposition pour y répondre !
Alors zou, va t'amuser maintenant !
J'ai eu beaucoup de plaisir (et de douleur) à lire l'histoire de Kitty. C'est un personnage profondément humain, pour peu de meilleur et beaucoup de pire. On s'attache tout de suite à lui parce qu'il est ancré dans un réel profond de touchant ; tu l'écris toi-même et je le souligne comme un compliment : il a la banalité des gens qu'on croise dans la rue et sur qui on ne s'attarde jamais. Et c'est ça que j'aime beaucoup avec tes personnages - ainsi Keegan en tête de liste - : tu montres que chacun mérite de l'intérêt et de l'attention, que chaque histoire vaut la peine d'être écrite.
Et au-delà de ça, c'est une vrai satisfaction d'inaugurer les validations avec un wendigo. Keegan s'intègre parfaitement à l'univers et son folklore, même si lui-même n'en sait que très peu. J'ai vraiment hâte de le voir évoluer au fil des rencontres, de lire comment il va gérer - ou pas - sa faim, et quelles seront ses réactions en découvrant tout ce qui la a été caché jusque là.
C'est un personnage qui promet de belles et sanglantes histoires, et c'est donc avec un grand plaisir que je te souhaite à nouveau la bienvenue chez toi !
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