jade fletcher - schism
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jade fletcher - schism

@ Jade Fletcher

Jade Fletcher
VAMPIRE
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Date d'inscription : 16/02/2024
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Sam 17 Fév 2024 - 13:18

Jade Fletcher

feat. Willa Fitzgerald
nom et prénom Jade Fletcher
date de naissance, âge née le 16 février 1995, tu tends dangereusement vers la trentaine, bien que ton minois soit figé à l'aube de ta 23ème année
origines, nationalité née à Penticton en Colombie Britannique, tu es canadienne, au moins depuis deux générations ; c'est assez évident que si on remonte quelques années plus loin, on te retrouvera des ancêtres quelque part en Europe mais ça ne t'a jamais vraiment intéressée
genre, pronoms femme cis, elle
occupation barmaid au Succubus K  
lieu d'habitation un modeste studio d'artiste dans l'un des buildings de briques rouges d'Hastings
groupe vampire, la caste des immortels
branche renarde rusée, d'aucuns diraient vicieuse, tu uses et abuses de la branche psychique
rang limbienne de 3ème fosse, tu es une quasi-anonyme pour le cercle ; en revanche, tu es un nom qui parlera à tous les membres du FEAR
29 ans - barmaid au succubus k - hastings - vampire

taking a closer look

caractère et signes distinctifs  Pas bavarde, mais pas muette non plus. Simplement discrète.

Aujourd’hui, la plupart de ceux qui te reconnaissent ne connaissent que la barmaid. Tu es devenue une figure respectée du Succubus K que les habitués connaissent tous et à laquelle la règle tacite interdit de s’en prendre. On t’apprécie tantôt pour ton verbe acidulé, tantôt pour ta capacité à désamorcer les rixes avant même qu’ils n’en viennent aux mains. Observatrice attentive observant la vie se dérouler dans les quelques mètres carrés dont tu as la responsabilité, tu es un pilier de confiance pour cette petite communauté. Quelque part, ça t’aide à avancer.
Très peu te connaissent sous la surface. Non pas que tu ne sois pas toi-même lorsque tu prouves tout ton talent pour l’écoute et le sarcasme aux âmes solitaires qui cherchent un brin de discussion pour passer la soirée, mais c’est souvent là que ça s’arrête. Tu ne parles pas de toi, de ton passé ou ton présent. Tu ne veux pas dévoiler ces plaies intérieures qui peinent à cicatriser, de peur non seulement de les rouvrir mais d’en causer de nouvelles.
Bientôt six ans après, tu portes encore les stigmates du drame. Au détour de chaque couloir, derrière chaque porte, tu crois entendre la mort murmurer et te narguer. Tu n’as jamais plus réussi à te sentir en sécurité. Pas tant physiquement qu’émotionnellement, et tu n’es pas encore prête ni à tourner la page, ni à cesser d’en contempler les mots en lettres d’or. Tôt le matin, alors que le soleil s’apprête à percer l’horizon, tu te surprends parfois à fixer ses toiles. Tu ne les as pas touchées depuis et tu ne laisseras jamais personne le faire, à n’importe quel prix.
opinions et connaissance du surnaturel Le monde vampirique doit évoluer, que ce soit par les mœurs ou par le feu de la rébellion.

Les immortels se sont trop longtemps laissé dominer par leurs pairs sous prétextes de sécurité et d’ordre. La hiérarchie ne cause que l’asservissement et l’aliénation de toute votre espèce au profit d’une poignée de monarques illégitimes. Qui sont-ils pour s’arroger un droit de vie ou de mort sur leurs semblables, et qui êtes-vous pour l’accepter sans broncher comme une fatalité ?
Carmen, dont tu as été le Calice, la Marquée puis l’Infant, portait des idéaux de liberté et d’émancipation. Elle rêvait, d’aucuns diraient naïvement, d’émancipation et d’harmonie. Elle avait un idéal dont elle t’a transmis la flamme et tu comptes bien la faire vivre et la propager jusqu’à ce que la mort d’emporte une seconde fois. L’immortalité doit être une recherche de paix, et non de pouvoir.
C’est donc pour ça que tu as rejoint le FEAR lors de sa création peu après l’épidémie. Enfin, ça n’est pas comme si tu avais eu particulièrement le choix, étant donné qu’il a établi son quartier général au Succubus K.

Autrement, tu ne fais pas de vagues. Tes besoins en sang sont pour l’instant garantis par le bar qui se fournit en poches grâce à une combine que K n’a pas encore pris soin de te révéler mais qui, le connaissant, conserve un minimum d’éthique. Tu n’aimes pas la chasse et tu méprises tes congénères qui y ont recours. Trouver un Calice pourrait aussi te convenir, mais c’est une étape effrayante pour qui n’aime pas s’attacher.
Enfin, tu as hérité de Carmen les dons de la branche psychique. Cependant, tu t’en sers rarement, à la fois puisque tu n’en as qu’une maîtrise très partielle, et parce que tu considères les intrusions dans l’esprit d’autrui comme un acte grave qui requiert une forme de consentement. Les rares fois où tu te sers de ces dons sont pour, à reculons, occulter les souvenirs d’humains un peu trop curieux ayant surpris quelque acte un peu trop vampiriques dans l’enceinte du Succubus.

Autrement, tu n’as qu’une vague connaissance du reste du monde surnaturel. On t’a parlé de l’existence des lycanthropes sans que tu n’en aies jamais rencontré ; idem pour les sorciers dont l’étendu et le fonctionnement des pouvoir te sont parfaitement inconnus. Tu connais certaines personnes qui pourraient sans doute t’en dire plus, mais ça n’est pas quelque chose qui t’intéresse particulièrement pour le moment.
Quant aux wendigos, c’est une légende que tu as entendu quelques fois pour avoir passé ta vie entière dans ce coin du monde, mais la frontière entre mythe et réalité demeure vague à leur sujet.

Pourpre / Heidi / il, elle, iel, peu importe


personnage inventécrédits moa-même un avis, une envie sur le forum ? ça a l'air sympa je pense que je vais rester tout sur l'artiste au dd fortnite ton mot de la fin tenseur de structure
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@ Jade Fletcher

Jade Fletcher
VAMPIRE
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Sam 17 Fév 2024 - 13:19

histoire

la mort rôde, lâche et immonde

Il est encore tôt, et pas un bruit ne semble perturber le calme matinal à l’intérieur de la maison. Le ciel est d’un bleu profond aujourd’hui, c’est un temps à se baigner. Tous les autres gamins de la ville doivent déjà être en train de se préparer pour passer leur journée au lac ou à tourner en rond sur leurs vélo à travers les avenues de Penticton.
Descendue à pas de loup dans la cuisine, tu tâches de te servir un bol de céréales le plus discrètement possible pour ne pas réveiller tes parents à l’étage. Ils sont tout le temps fatigués depuis quelques mois, et maintenant que les vacances ont commencé, tu as toute la journée pour constater à quel point ils ont l’air triste. Les premiers rayons de soleil découpent et réchauffent ton visage juvénile, et un sourire serein l’illumine en retour à l’idée de toi aussi pouvoir profiter d’une journée de liberté insouciante. Du moins, jusqu’à ce que tu parviennes à distinguer à travers les lames des stores la silhouette qui se dresse de l’autre côté de la fenêtre.
En un instant, ton sourire se fane, et tu perds l’appétit. Tu laisses ton petit-déjeuner à peine entamé sur le comptoir de la cuisine et remontes lascivement les escaliers en direction de la chambre parentale.

« Papa, maman est encore dans le jardin. » C’est la troisième fois que tu la surprends ainsi depuis le début des vacances, il y a deux semaines. Elle ère sans but, encore en chemise de nuit, comme perdue dans un tout autre univers qui ne saurait s’ouvrir au vôtre. Parfois elle ne te reconnaît pas, et ne semble même pas se reconnaître elle-même. Ça te fait peur, d’autant plus que tu ne comprends pas pourquoi et que personne ne veut t’expliquer.

***

Tu es sans doute la seule de la classe, mais tu aimes bien les cours de maths. Personne ne supporte madame LeFey parce qu’elle est stricte et ne tolère aucun bavardage ; toi, tu trouves qu’elle explique bien et ça te suffit amplement. Il faut dire que tu n’es pas une grande bavarde. Tu es même du genre plutôt secrète, de celles qui préfèrent se tenir à l’écart de l’agitation.
Il est presque 16 heures, et la quasi-intégralité des élèves ont les yeux rivés sur l’horloge accrochée au-dessus du tableau. Chaque clic du mécanisme semble faire un peu plus de bruit que le précédent dans le silence presque religieux de la salle. C’est le dernier cours avant le week-end, et ça se sent. Les jambes tremblent, les stylos cliquent et les tables crissent à force d’être prises comme point d’appui par les adolescents les plus impatients pour être les premiers à s’éjecter dès que la sonnerie de la cloche retentira. Et une sonnerie finit par retentir ; seulement, pas celle que chacun attendait.
Dans le mutisme ambiant, les notes quelques notes d’alerte d’un téléphone trouvent un écho inopiné dans la salle. Merde, penses-tu alors immédiatement en comprenant que la sonnerie provient de ton sac. Merde, te répètes-tu intérieurement en réalisant les conséquences de ton erreur.
En un instant, tous les regards se sont braqués sur toi, les yeux brillants d’une étincelle de curiosité que tu conchies. Eux voient un gadget nouveau rivalisant avec ceux des films d’espionnage, s’imaginent déjà te demander d’en dévoiler toutes les fonctionnalités. Toi, tu vois une boîte à mauvaises nouvelles que tu aurais préféré ne jamais avoir entre tes mains d’enfant. Il te suffira de voir le message qui a déclenché ce drame silencieux :
« J’ai dû amener maman à la clinique, je rentrerai sans doute tard ce soir aussi. Il y a des hot pockets dans le congélateur pour toi ce soir. Bisous, papa. »
Qu’ils prennent cette espèce de brique vibrante dont tu n’as jamais voulu, et qu’ils prennent tous les messages qui vont avec. Peut-être que comme ça, en rentrant chez toi à pied ce soir tu auras la joie d’y retrouver une famille qui ressemble à autre chose qu’un couple de fantômes.

***

Ça fait deux, peut-être trois jours que le courrier est posé négligemment sur la table basse de ton petit appartement d’étudiante. L’enveloppe est encore intacte, et tu ne sais pas encore si et quand tu trouveras la force de l’ouvrir. Le logo du centre d’analyse imprimé sur le papier semble te dévisager dès que tu poses ton regard dessus et, immédiatement après, détournes les yeux non sans te fustiger mentalement pour ta lâcheté.
Personne n’est au courant, pas même ton père. A la clinique où tu es allée faire le prélèvement, on t’a proposé un suivi psychologique mais tu leur as assuré que tout irait bien, peu importe les résultats. On dirait bien que tu as menti. Enfin, ça n’est pas si grave, tout le monde le fait. Maintenant que la réponse est à portée, la question a un tout autre poids, au point de ne plus être certaine que savoir soit une réelle délivrance.
Pour te donner la force qu’il te manque, tu te dis que tu es allée trop loin pour ne pas aller jusqu’au bout. C’est un raisonnement sacrément stupide, quand on prend le temps d’y penser avec un peu de recul. Seulement, le problème est là : tu n’as pas de recul. Depuis que tu as emménagé à Vancouver pour tes études, tu n’as cessé de t’isoler. Tu étais déjà une gamine secrète, mais ça a largement empiré depuis que la distance a coupé toutes les relations que tu avais avec tes anciens amis de la campagne. Maintenant que tu es à la ville, tu es une vraie adulte, pas vrai ? Avec de vrais problèmes d’adultes. Et comme une adulte : tu dois savoir. Tu t’es laissé sombrer comme dans un abysse dans lequel il est vite devenu impossible de distinguer une main tendue de l’ombre d’un souvenir.

Tu ne te souviens même plus si tu as pleuré en l’ouvrant. Par contre, tu te souviens d’à quel point ça t’a fait réfléchir. Tu as mis toute ta vie en perspective, et tu t’es demandé, peut-être pour la première fois : qu’est-ce qui compte vraiment ? C’était sans doute ça le plus effrayant : réaliser que tu n’avais pas le moindre début de réponse à cette question.

***

C’est un travail de merde, mais au moins comme ça tu es aussi libre que tu peux l’être. Tu ne dépends plus de ton père, plus que d’un patron qui ne sait même pas prononcer ton nom correctement. Accroupie devant un carton au fond de l’allée des conserves, tu t’affaires à tout mettre en rayon le plus vite possible. Il faut que tu gardes les mains occupées pour ne pas les voir trembler. Il faut aussi que tu occupes ton esprit pour qu’en plus de ne plus le voir, tu n’y penses plus non plus.
Jusque-là perdue dans un vortex de pensées amères, tu sursautes lorsqu’une voix vaguement familière t’interpelle. « Jade, c’est toi ? » Il te faut une ou deux secondes pour te remettre les idées en place et te retourner. En face de toi, tu reconnais Kelly, une ancienne camarade de promotion. « Tu vas bien ? Comme t’as arrêté de venir en cours du jour au lendemain on s’est un peu inquiétés avec les autres. » Façade fragile, tu lui adresses un sourire fatigué. « Oui, tout va bien, j’espère que toi aussi. Je me suis juste rendu compte que l’informatique c’est pas pour moi, c’est tout. »
Oui, c’est un mensonge éhonté, mais en même temps que pouvais-tu lui dire d’autre ? Elle n’a pas envie de connaître la vérité, pas plus que tu n’as envie de clamer à haute voix. « Ah, je vois… Et… » Tu relèves les yeux dans sa direction, l’air interrogateur. « Non, rien. Bonne soirée du coup.
– A toi aussi. »
A quoi bon la retenir ? Ça ne sert à rien pour elle de s’attacher à un fantôme.  Les néons de la supérette projettent sur toi une douche de lumière pâle et lugubre tandis que tu la regardes s’en aller et sans doute hésiter une dernière fois à se retourner. Plus tu restes à un endroit, plus tu as l’impression de lentement en consommer l’air sans que jamais celui-ci ne se renouvelle. Tu essaierais peut-être de te trouver un nouveau boulot dans pas trop longtemps.

***

Oh, tu es loin d’être la prochaine Kandinsky, mais pour la première fois depuis ce qui te paraît être une véritable éternité, tu as l’impression de vivre un peu. Dans la seule salle encore occupée de la maison de quartier à cette heure de la soirée, les halogènes projettent une lumière jaune sur les œuvres de la demi-douzaine d’âmes nocturnes qui s’essaient à libérer leur créativité. Chevalets disposés en un cercle approximatif, on dirait presque une petite messe secrète, un moment de communion intime dans lequel chacun se force à dévoiler un peu de lui-même. Toi y compris.
Sur ta toile, un mélange de couleur encore abstrait et des formes sans vraiment de sens ; plus que la beauté, tu cherchais une sorte de sincérité. C’est assez difficile à exprimer, mais tu crois que c’est ça qui te plaît : coucher sur le tissu des maux sans avoir à les formuler intelligiblement. Un exutoire silencieux que personne ne saurait lire ni interpréter. Il arrive à tes mains de trembler en tenant les pinceaux, mais en les utilisant ainsi tu te sens forte et courageuse.

La professeure tourne lentement dans la salle d’un pas aérien. C’est presque comme si elle ne touchait pas le sol, et rien que sa démarche est fascinante. Mais son visage doit l’être encore plus. Elle a le teint clair et chaleureux, comme hâlé par un soleil nocturne. De ses traits émane une aura d’une douceur insolente que ses cheveux d’un châtain soyeux recouvrent d’un rideau élégant. Et à travers cette frange luisent ses yeux, d’un éclat hypnotique. Plus d’une fois, vos regards se sont croisés, se sont soutenus juste assez longtemps pour faire naître une ambiguïté insupportable.
Elle passe une première fois derrière toi, jauge ton travail par-dessus ton épaule sans mot dire pendant une seconde, ou peut-être une heure ; tu ne sais pas, tu étais trop occupée à te concentrer pour garder les battements de ton cœur à un rythme régulier. Tu es la seule à qui elle ne donne pas de conseils, se contentant de reprendre sa ronde. Elle passe deuxième, puis une troisième fois dans ton dos, si bien que tu pourrais presque sentir son souffle contre ta nuque. Elle ne t’adressera finalement pas un mot du cours entier, et c’est sans doute mieux ainsi, puisque c’est ça qui te poussera à rester quelques minutes de plus à la fin du cours.

Tu t’apprêtes à ouvrir la bouche pour répondre à son impertinence muette avec un courage dont tu ne te savais pas capable lorsqu’elle te vole la parole avec un sens du rythme à te couper le souffle. « Vraiment intéressante, ta toile. Je vois pas souvent d’essais abstraits dans mes ateliers. Jade, c’est bien ça ? » Une seconde ou deux, tu restes muette, balbutiante. « Oui, c’est ça.
— Alors enchantée Jade. Tu peux m’appeler Carmen. »

***

« Tu en as pas marre de me dessiner ? Je veux dire…
– Tais-toi ! t’interrompt soudainement Carmen, un sourire narquois esquissé sur son visage félin. Arrête de bouger je t’ai dit. Et non, j’en ai pas « marre ». J’ai l’impression de te connaître un peu mieux à chaque fois que je te dessine. » Comment lui en vouloir, alors ? Une brise hivernale ayant réussi à se frayer un chemin à l’intérieur de son studio d’artiste caresse tes épaules dénudées et te fait frissonner en même temps que tu vois les yeux de la jeune femme étinceler d’un éclat quasi-mystique.

« Dis… » reprends-tu en interrompant son objection à venir avec un regard significatif. « Cette fois, tu viens manger avec moi ? Ça commence à devenir vexant de devoir aller au libanais d’en bas toute seule, tu sais. »
Un long silence que tu n’aurais su anticiper suit ton invitation. Un silence qui se fait de plus en plus pesant et qui, à mesure que Carmen détourne le regard, te fait paradoxalement te sentir de plus en plus nue malgré le drap qui joue le rôle d’unique rempart à ta pudeur. Finalement, elle raccroche ses yeux aux tiens. Leur lueur vivace s’est mue en un lac d’incertitude et d’appréhension à la profondeur insondable. Elle qui se parait toujours d’une légèreté nonchalante et qui ne semblait pas craindre le moins du monde les affres de la vie, tu la découvres sous un jour tout à fait inédit. Vulnérable, presque, l’espace d’un instant, et tu te jures sur le coup de ne jamais l’oublier comme, c’est celui-ci qui lui a permis d’arracher ton cœur d’un main gantée de velours.

***

Ton téléphone vibre sur la table de chevet, et l’écran s’allumant subitement éclaire le plafond de ta chambre d’une lumière presque lugubre. Tu sais très bien qui cherche à te joindre et le contenu du message qui vient de s’afficher. Tu es pétrie d’angoisse et terriblement en colère ; pas contre elle, mais contre toi-même de ne pas être capable de gérer ta propre vie. Alors, l’entendre tambouriner à ta porte dans la minute qui suit te fait redoubler de culpabilité : tu ne mérites pas cette femme. Elle qui vit éternellement, tu ne devrais pas la laisser s’accrocher à une morte en sursis.
« Jade, je sais que t’es là, si tu ne me dis rien je vais entrer tu es prévenue. » Un gémissement plaintif s’échappe de tes cordes vocales devant ton incapacité à faire face à la situation et à tes émotions. Pas suffisant cependant pour couvrir le bruit de la clé actionnant la serrure de ton appartement. En quelques seconde, Carmen s’engouffre à l’intérieur et te retrouve avachie sur ton matelas. Recroquevillée, tu tournes le dos à la porte dans l’encadrement de laquelle se tient ton amie et amante, celle avec qui vous partagez votre sang. Tu dois fermer les yeux pour t’empêcher de pleurer alors que tu serres tes bras contre toi pour réduire les effets de la chorée qui te secoue. Tu es morte de honte, si bien que tu sembles peiner de plus en plus à respirer.
Tu ne le vois pas, mais tu sens le regard de la peintre peser sur toi. Tu l’imagines te trouver pathétique, faible. Tu imagines sa colère lorsque tu seras forcée de lui révéler la cause de cet état lamentable dans lequel tu te débats. Tu l’imagines rompre le contact comme tu as voulu le faire en constatant avec effroi l’avancée inéluctable de la maladie.
Or, au lieu de ça, tu sens une main terriblement froide se poser sur ton dos. Evidemment, tu la reconnais. Ces caresses sont familières, presque cruelles tant tu à l’impression d’en dépendre. Les lattes du sommier grincent une fraction de seconde lorsque Carmen s’assied à côté de toi. « Parle-moi Jade, s’il te plaît, » souffle-t-elle doucement alors qu’une énergie fraiche comme la brise d’une nuit d’été vient adoucir tes maux, au moins temporairement.

Sur le sol de la cuisine, ton thé a eu bien le temps de refroidir entre les éclats de céramique. Tu n’as pas eu le force de faire le ménage ; à bout, tu as juste fondu en larmes. Toujours sans te retourner, tu prends de grandes inspirations pour retrouver un semblant de contenance maintenant que la vampire est à tes côtés.
« Huntington. » Un nom qui hante tes nuits et ruine tes jours depuis que tu es en âge de le prononcer. Un nouveau gémissement amer t’échappe, profondément déçue de ne pas sentir de poids s’effacer de ta conscience après ton aveu. « C’est génétique, et ma mère en est morte. Ce que ça fait à une personne, c’est… » Tu n’es encore pas capable d’affronter le regard de Carmen, mais elle le comprend. Son bras t’enlace tendrement et te berce dans le silence relatif d’un Vancouver aux yeux clos.

« Combien de temps ça fait ?
— J’ai eu le diagnostic il y a 4 ans. J’ai les mains qui tremblent depuis que je suis ado, et maintenant… » Une main passée dans tes cheveux en bataille t’interrompt avec une tendresse infinie. Tu soupires et tu sens ton cœur se serrer en même temps que tes poumons. « J’ai pas envie de finir comme ça Carmen… » Pas envie de sombrer et de finir par te perdre toi-même dans un corps qui ne t’obéit plus, dans un monde que tu ne reconnais plus.

Un long silence passe. Ça aurait pu être à peine quelques secondes, ou la nuit entière, tu ne saurais jamais le dire sous les caresses exquises de l’immortelle. Elle finit cependant par couper le silence d’une voix cristalline. « Et si pour y échapper tu devais mourir ? »

***

Le rade ne paie pas de mine. Depuis l’extérieur, il ressemble à tous les autres bâtiments du quartier : façade en briques à la saleté variable, parfois recouvertes des résidus d’affiches déchirées ou de graffitis plus ou moins artistiques. Le verre des vitres est teinté d’un noir presque opaque qui n’inspire que peu la confiance du tout-venant. Un néon rose d’un goût douteux au-dessus de la porte d’entrée achève le tableau, et tu regardes ta Sire d’un œil dubitatif. « On dirait un club de strip-tease Carmen, je crois qu’on s’est mal comprises quand je t’ai dit que je voulais retrouver du travail. » Elle t’offre un sourire amusé en guise de seule réponse et pousse finalement le lourd battant de la porte pour dévoiler à ton regard l’intérieur du Succubus K.
Le bourdon ennuyeux de la ville est alors remplacé par une nappe grouillante de voix et de tintements de verres. Ton regard sonde la salle rapidement pendant que tu suis ta guide jusqu’au comptoir. Beaucoup de profils différents coexistent dans ce microcosme, des vêtements bariolés, des tatouages et piercings improbables et des coupes de cheveux audacieuses ; et à ton grand soulagement : pas de barres de pole dance en vue.

« Hey K, comment ça va ? Je te présente Jade, c’est… l’amie dont je t’ai parlé. Elle aimerait reprendre le poste de Charly au bar. » K, puisque c’est visiblement comme ça qu’il faut l’appeler, est un homme grand et bourru doté d’un regard étonnamment sombre malgré ses yeux d’un bleu profond qui contraste particulièrement avec sa chemise hawaïenne peut-être un peu trop ouverte à ton goût. N’importe où ailleurs on le trouverait ringard mais bizarrement, lui et sa moustache d’acteur porno des années 80 semblent tout à fait à leur place dans cet apparent bouillon de culture et de styles hétérogène. En tous cas, il n’y a plus aucun doute sur qui a choisi le néon à l’entrée. « T’as de l’expérience ?
— J’ai été serveuse pendant quelques mois.
— Ca suffira. Tu commences demain. »
Dans un premier temps tout sourire en ayant été témoin de ton embauche éclair, Carmen se ravise rapidement. « Ah non, demain c’est pas possible pour elle. Je l’emmène à une expo, et après on passe une dernière soirée en amoureuse avant que tu me la voles. Jeudi, plutôt
— Ok, » répond stoïquement le gaillard. Tu ne saurais pas exactement dire quoi, mais il dégage quelque chose de différent. Un peu comme Carmen. Elle t’a expliqué beaucoup de choses après t’avoir tendrement vidée de ton sang jusqu’à la mort et ressuscitée par un rituel magique obscur il y a quelques mois, mais pas encore cet étrange sensation.

***

Depuis quelques jours, une panique muette a saisi toute votre communauté. Personne n’ose parler de ce qui se passe en Louisiane et qui se rapproche mais les regards qui s’échangent ne trompent pas : tout le monde sait, et tout le monde est terrifié. Même les plus anciens d’entre vous, qui ont parfois connu les guerres et les famines, ont perdu leurs grands airs. L’air semble s’être infiltré d’une poudre noire et irritante qu’une seule étincelle pourrait embraser.
La désastre de ce fléau résonne particulièrement en toi : tu pensais il y à peine un an enfin d’être sortie de l’angoisse de la mort imminente mais voilà qu’elle frappe à nouveau à la porte. Le destin n’a pas un sens de l’humour douteux ; il a un sens de l’humour de merde. Et si le destin était dans la pièce avec toi en ce moment, tu utiliserais tout la force nouvelle que tu as en toi pour lui faire avaler ses dents. Mais le destin, en plus de ne pas être drôle, est sévèrement cruel.

Il est presque trois heures du matin en cette dernière nuit d’Avril. Le temps et doux, et la même brise que d’habitude serpente entre les toiles et les chevalets dans l’atelier de Carmen. Toi allongée avec un livre, elle un pinceau à la main, votre soirée se déroule dans le calme et le silence comme vous en avez l’habitude. Pourtant, sans donner l’ombre d’un avertissement, un pigment carmin s’est invité sur la toile idyllique que peignait ton immortelle adorée. Jamais le rouge du sang n’avait teint une de ses toiles, et voilà maintenant que la dernière en est couverte.
Depuis le lit, tu l’entends tousser et tes yeux se gorgent déjà de larmes tandis que tu te précipites devant elle, comme si tu allais pouvoir faire quelque chose. Vos regardes se croisent, le tien transi d’un profond désespoir ; tu n’oublieras jamais le sien à ce moment-là. Ses yeux ne reflétaient aucune terreur, ils étaient seulement et profondément désolés. Carmen sait qu’elle a suffisamment vécu et elle est prête à partir sans regrets. Mais elle sait aussi à quel point la suite sera difficile pour toi sans elle.

Pour la première fois en plus d'un an, tes mains se remettent à trembler. Tu la vois s’approcher d’un pas avant de se raviser ; qu’elle est sage. Sa voix, d’une douceur extrême, ne vacille même pas. « Tu ne devrais pas rester, Jade. C’est sans doute contagieux, et tu as encore tellement à vivre. » Ce fléau non plus ne fait aucun rescapé, c’est bien la seule chose qu’on en sait.
Mais tu refuses de la laisser. Bien égoïstement, tu veux profiter du peu de temps qu’il te reste avec celle à qui tu dois tout et qui ne t’a jamais rien demandé en retour que d’être toi-même. Ton inerte se déchire alors que tu fais à ton tour un pas vers elle et que tu l’enlaces. Juste avant cela, tu pourrais jurer avoir vu une larme couler sur sa joue aux teintes sablonneuses.
« Je suis là, et je reste là, parce que je veux que tu saches que je ne cesserai jamais de t’aimer. »

***

K est entré dans la pièce en silence. Le bruit caractéristique de ses mocassins de cuir sur le sol, s’approchant de vous, ne parvient pourtant pas à déloger ton regard du vide que tu contemples. Assise par terre au pieds du lit, ta main est enlacée dans la sienne, ta joue délicatement posée contre le revers de celle-ci.
L’homme contemple la scène dans un instant de recueillement avant de finalement te rejoindre et s’accroupir près de toi. Il place sa main calleuse aussi délicatement qu’il le peut sur ton épaule. Sa voix rauque et pourtant chargée d’empathie résonne faiblement dans la pièce. « Il est temps, Jade. » Tu renifles en te mordant la lèvre inférieur pour ne pas que les larmes ne se remettent à couleur. « Encore un peu, j’ai besoin d’encore un peu, » réponds-tu d’une voix cassée, à peine audible.
Un long silence passe. « D’accord, se résigna alors votre ami commun en se relevant lentement. Je t’attends dehors. »
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@ L'architecte

L'architecte
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Lun 26 Fév 2024 - 16:26

Félicitations


jade fletcher - schism Otter-clapping

Ta  fiche est validée, et les portes de Vancouver s'ouvrent à toi ! Tu peux dorénavant poster ta fiche de liens et aller rôder sur celles des autres personnages pour trouver quelqu'un à martyriser - ou inversement, la suite ne me regarde pas. Tu as maintenant le droit d'aller flexer ta nouvelle couleur partout dans la zone RP, et on espère que y prendras un maximum de plaisir. Dans tous les cas, si tu as le moindre problème ou la moindre question, le staff reste à ta disposition pour y répondre !
Alors zou, va t'amuser maintenant !
Ca fait l'affaire
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@ Jade Fletcher

Jade Fletcher
VAMPIRE
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Lun 26 Fév 2024 - 16:27
Cool merci
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@ Keegan Jones

Keegan Jones
WENDIGO
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Lun 26 Fév 2024 - 16:53
Bienvenue ! o/

Comme tu le sais, j’ai Adoré découvrir l’histoire petit à petit et comme toujours c’est remarquablement bien écrit. Jade a un background super touchant qui nous emporte et qui va lui donner un point de vue sur le vampirisme assez inédit. Ça promet de belles choses. J’ai vraiment hâte de voir tout ça en jeu !
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