You got it in you (ft. Keegan & Cal)
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You got it in you (ft. Keegan & Cal)

@ Callixte Shaw

Callixte Shaw
WENDIGO
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Sam 9 Mar 2024 - 19:45

You got it in you

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TW séquestration, cannibalisme

Matinée habituelle. Je m'étais levé, étais allé courir, effectué un petit détour par le sous-sol pour croquer une petite lamelle de viande fraiche lorsque j'étais rentré, pris une douche à mon retour dans mon appartement, croisé les autres membres de la tribu. Mon univers était rodé comme du papier à musique, ritournelle sempiternelle qui savait de quoi le lendemain et le surlendemain seraient fait. Cela assurait la sécurité des miens, ces trois êtres qui me suivaient, moi, et mes étranges convictions qui feraient frémir le commun des mortels, trop horrifiés par des horreurs qui m'étaient parfaitement naturelles. Et qui n'avaient rien d'horrifiques à mes yeux. La nécessité de se nourrir est un impératif pour chaque être vivant sur cette planète, et les wendigos n'y font pas exception. Il serait suicidaire d'arrêter de se nourrir de sa nourriture principale. Et de toute façon, j'en serais bien incapable. La faim était tapie au fond de moi, plus dévorante depuis que j'avais dévoré l'un de mes semblables.

Mais aux yeux des autres, j'étais un citoyen parfaitement normal, propriétaire d'un garage qui bénéficiait d'une bonne réputation, qui se déplaçait pour chercher des pièces jusqu'aux Etats-Unis, et qui agissait comme tout le monde. C'était le sommet de l'iceberg. Une partie de celui que j'étais, mais aucunement son intégralité. Mais qui a besoin de parfaitement connaître ses voisins ? Personne, avouons-le. Nous avons tous nos petits secrets... inavouable, c'est bien connu.

Un sourire aux lèvres, je me glissais dans mes vêtements, enfilant une veste superflue, mais nécessaire pour paraître comme tout le monde en cette saison hivernale. J'aimais ces températures trop basses, la caresse rafraichissante du vent sur mon visage. Cela ne changeait rien que l'humanité trouverait ça étrange que je ne m'en protège pas assez, et j'avais pris cette habitude de connaître les usages qui me permettraient d'être comme tout le monde. J'avais ensuite pris ma voiture pour écourter la distance qui me déparait du dinner où j'avais l'habitude de me rentre chaque matin depuis que je m'étais installé en ville, à l'exception de ceux où je n'étais pas en ville. J'aimais cet endroit convivial, qui servait de la bonne nourriture. Elle ne comblerait jamais ma faim, mais elle laissait un goût agréable en bouche et m'offrait un énième rempart à ma bestialité dérangeante... pour les autres.

Quelques pas dans la pièce, mon regard qui filait sur les tables, reconnaissant certains habitués qui me saluèrent d'une signe de tête, quand mon regard s'attarda sur une tête inconnue, mais plus encore, sur une aura familière ; un wendigo. Pas qu'il se trouvait sur mon territoire de chasse, loin s'en faut, mais j'avais cette sale habitude de vouloir savoir qui se trouvait en ville, et pourquoi. Il en allait de la sécurité des miens, et du fait de ne pas attirer l'attention des mauvaises personnes.

"Bonjour Cal !" m'accueillit chaleureusement la serveuse derrière le comptoir. Visage familier que je voyais jour après jour, et auquel je destinai un sourire similaire au sien.
"Salut !"
"Comme d'habitude ?" question rhétorique, elle savait bien que je prenais toujours des pancakes accompagnés de son sirop d'érable, des œufs au plat et un café. Je hochais doucement la tête, et mon regard revint se poser sur l'inconnu repéré.
"Mais à table aujourd'hui."

Ni une, ni deux, ma décision était déjà prise avant que mes pas ne prennent la direction de l'inconnu, me conduisant jusqu'à la banquette en face de lui, sur laquelle je pris place comme si tout ceci était parfaitement normal et naturel, et qu'il m'attendait. Décontracté et nonchalant, je lui adressai un sourire illusoirement sociable.

"Salut. Moi c'est Cal, et toi ?"

Est-ce que je manquais de manières ? Parfois. On m'en avait déjà fait part, mais il était question de domination en l'occurrence. Ne jamais laisser passer de potentielles emmerdes, surtout quand elles empiètent sur mon territoire. Parce que oui, même si je n'y chassais pas, ici, c'était devenu notre chez nous, et je n'avais pas l'intention de voir notre petite bulle éclater, sous prétexte d'une chasse impromptue dans les parages.

"T'es nouveau en ville ? Tu comptes t'installer ?" continuais-je naturellement, sans même attendre sa première réponse, le scrutant intensément en attendant sa réaction, en observant celui que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam.

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Keegan Jones
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Sam 9 Mar 2024 - 20:56
Je crois que je déteste les vieilles baraques.
Non. En fait c’est sûr, je les hais.

Les murs trop fins n’étouffent pas le moindre bruit et de nouveau recommence la symphonie de grincements de la literie, de cris et de râles. Les yeux fixés sur le papier peint vieillot, je soupire d’exaspération. Autant, je suis ravi de savoir que ma colocataire temporaire s’éclate avec son pompier, autant j’en ai un peu marre de les entendre baiser. Qui plus est, ils sont drôlement matinaux pour des gens qui étaient encore à s’envoyer en l’air à minuit passé. Je jette un œil sur l’heure, il est tôt. Trop tôt. Je soupire dans le canapé qui me sert de lit et me décide finalement à fuir cet endroit pour leur laisser de l’intimité. Quoi que ça aurait été vraiment drôle d’attendre que son mec descende pour l’applaudir, parce que franchement une nuit pareille tient de la performance sportive, mais j’ai déjà trop de pensées inquiétantes qui commencent à me tourner dans la tête pour songer à de telles railleries.  

Je m’extirpe de mon lit improvisé et m’habille avec les affaires qui trainent, fuyant presque le boucan digne d’un film porno qu’on entend à l’étage. Je sais qu’il y a un diner pas trop loin, ça me changera d’air. La porte claque derrière moi, dévorant les derniers bruits bestiaux et l’air trop frais du matin me réveille un peu brutalement. J’ai la dalle. Et tristement, j’ai l’impression que la bouffe du diner ne va pas y faire grand-chose. Enfouissant les mains dans les poches de mon manteau je me mets en route. Je jette un coup d’œil au ciel très bleu du matin, mais même sa clarté n’arrive pas à dissiper la boule d’angoisse qui se loge dans mon estomac. J’ai terminé mes dernières provisions de ‘vraie’ viande hier et je commence à avoir peur de la suite. Vraiment très peur. Depuis le début je savais que ce moment allait arriver, qu’il me faudrait un plan, ou au moins une idée, n’importe quoi. Mais la vérité c’est que je suis juste tétanisé face à tout ça. Parfois je me dis même que je n’aurais jamais dû quitter Winnipeg, que partir était une erreur, et puis je me mets à me tourmenter pendant des heures en cherchant à savoir ce qui est le pire : trouver de la bouffe par moi-même et tout ce que ça implique, ou bien Silas. A ce jour, je n’ai pas tranché cette question.
J’accélère le pas et essaye de penser à autre chose, à tout, à n’importe quoi, mais pas à cette boucle sans fin où s’enchainent mes traumatismes du passées et les images ignobles de ce que pourrait être mon avenir. Heureusement, le diner est rapidement en vue et je vais pouvoir noyer ces idées mortifères dans du café et du sirop d’érable. J’entre dans le bâtiment et aussitôt l’odeur chaleureuse des pancakes et du café me saisit. Je commande rapidement et vais m’installer à une table dans un coin. Comme souvent, je sors mon téléphone et ouvre une appli pour scroller de manière presque automatique, mon attention se faisant parfois capter par un meme ou une vidéo. Ce n’est pas vraiment que ça m’intéresse, mais c’est suffisant pour noyer le bruit de mes pensées et de mes peurs. Je mange machinalement les pancakes qu’on m’a servi, je fais défiler la vidéo suivante, je ne pense pas à ce que je devrais potentiellement faire pour trouver de la vraie nourriture. Il faudra que j’y pense, vraiment, mais pas avant le café.

Et soudainement quelqu’un s’installe sur la banquette en face de moi. Je décroche mes yeux de l’écran pour les fixer sur le nouveau venu, l’air étonné. Je fronce les sourcils d’incrédulité pendant une seconde tandis qu’il se met à parler en se présentant. C’est quoi ce délire ? Est-ce que c’est un de ces gars qui va voir des gens au pif pour essayer de leur vendre leur religion qui penche vers la secte ? Il n’en a pas vraiment l’air. Je jette un coup d’œil aux alentours, essayant de piger la situation, mais il n’y a rien de particulier, juste un gars qui vient me taper la discute, sans aucune raison. Je n’ai pas le temps d’en placer une qu’il enchaine avec une question excessivement bizarre. C’est vrai que je ne suis jamais venu dans ce diner, mais si cet échange est un moyen de me vendre une carte de fidélité, alors c’est le coup marketing le plus chelou qu’il m’ait été donné de voir.

Je repose ma fourchette qui était jusque-là suspendue dans l’air, brisée dans mon élan par la surprise générée par le nouveau venu. Le morceau de pancake toujours empalé au bout remue mollement tandis que la fourchette émet un petit cliquetis en retombant dans l’assiette. Je suis complètement paumé. Avec une intonation qui ne masque rien de mon incrédulité, je lui demande :

« Je… J’comprends pas. Vous êtes qui ? Vous voulez quoi ? »

Je savais bien que les gens du matin étaient bizarres, mais il y a tout de même des limites. Alors que j’essaie toujours de comprendre ce qu’il se passe, je commence à avoir une sale impression. Un truc qui me fait penser à Silas. Mais ce n’est pas comme chez cette avocate, cette fois c’est vraiment très… ressemblant. Et je n’aime pas ça du tout.
Je me renfonce dans la banquette comme pour creuser la distance entre nous, anxieux, oubliant presque le reste de mon petit déjeuner et le café encore chaud, essayant de me convaincre que je suis en train de flipper pour rien du tout. C’est juste un type chelou, pas vrai ? Un gars qui essaie de me vendre un truc. Le président du comité du quartier qui surveille les allées et venues des nouveaux habitants. Quelqu’un qui a pris un peu trop de drogue et qui est en pleine redescente, n’est-ce pas ? Et pourtant, je vois bien qu’il ne colle à aucune de ces descriptions. Toujours au fond de la banquette, je lui dis :

« Je vois pas pourquoi tu veux savoir ça, c’est bizarre comme question. »

C’est bizarre qu’il sache que je viens d’arriver. Ça me fait me sentir épié, et sachant ce que j’ai laissé derrière moi en quittant Winnipeg, l’idée qu’on puisse me surveiller a de bonnes raisons de m’inquiéter. Et toujours cette putain de sensation. Je n’aime pas ça du tout.
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Sam 9 Mar 2024 - 21:48

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J'avais assisté à son interrogation muette, le fait qu'il ne sache pas vraiment quoi faire de moi. J'étais venu m'asseoir en face de lui sans demander la permission, je me conduisais comme quelqu'un qui cherchait à faire connaissance sans raison valable. De quoi surprendre quiconque. Moins un wendigo qui saurait deviner ce que je suis, comme je l'avais fait avec lui. Il reposa sa fourchette quelques instants plus tard, comme s'il avait oublié l'espace d'un instant qu'il était en train de manger, que sa main tenait en l'air et n'attendait plus que le contact de ses lèvres. Mais je lui avais semblait-il coupé l'appétit. Rien de dramatique au fond, cela ne nous nourrissait pas vraiment, la faim continuait de gronder tant qu'elle n'était pas sustenté par quelque chose d'autrement plus nourrissant que de la farine, des oeufs et du lait.

« Je… J’comprends pas. Vous êtes qui ? Vous voulez quoi ? » demanda-t-il, visiblement perdu. Oh ? Il n'en savait vraiment rien ? Alors pourquoi se recroquevillait-il comme un chiot craignant la main de son maître au fond de sa propre banquette ? Il devait la ressentir, cette même nature que je devinais en lui sans difficulté. Mais il semblait manquer de puissance, ou d'expérience. L'un n'excluait pas l'autre, bien que je ne pourrais être fixé qu'en lui posant clairement la question. Peut-être pas ici, néanmoins. Ce n'était pas forcément le lieu adéquate pour entrer dans les détails d'une nature que je veillais à dissimuler avec efficacité et obstination.

« Je vois pas pourquoi tu veux savoir ça, c’est bizarre comme question. » déclara-t-il tandis que je l'observais, étudiant sa gestuelle comme le prédateur que j'étais. Mais la serveuse choisit cet instant pour déposer ce que j'avais commandé devant moi, m'offrant un large sourire et un bon appétit plus avenant que jamais. "Un ami à toi ?" s'enquit-elle, assez curieuse. Me détournant de mon nouvel "ami", lui offrit un clin d'oeil, agrémenté d'un :
"Qui sait." Et pour clore tout commentaire, j'ajoutai : "On doit parler, tu veux bien nous laisser ?"
"Oui, pardon." s'empourpra-t-elle en disparaissant, tandis que je versais du sirop d'érable sur mes pancakes en reportant mon attention sur l'inconnu.

"Maintenant qu'on est à nouveau "seuls"... je m'appelle Cal, il me semble que je te l'ai déjà dit. Et on a, disons, un gros point commun, si tu vois ce que je veux dire."

Je me faisais subtil sans l'être, assez clair pour que lui seul puisse comprendre que je parlais de notre nature s'il n'était pas idiot, ou dans une certaine forme d'ignorance qui compliquerait pas mal les choses. Je commençais à découper un pancake, et juste avant de le porter à mes lèvres, mes prunelles rampant jusqu'aux siennes, je laissai une autre phrase s'extirper de celles qui apprécièrent la saveur non rassasiante de l'aliment l'instant d'après.

"Détends-toi, si t'es pas là pour causer des problèmes, je compte pas te manger."

Je mastiquais le morceau, avant de secouer ma fourchette dans sa direction, dans l'idée d'avoir une chose à ajouter. Mais avant, je pris le temps d'avaler ce que j'avais en bouche. On ne gâche pas la nourriture. Leçon que j'avais appris lorsque j'étais môme, même si on parlait plus facilement de chair humaine que de ce petit déjeuner trop classique.

"A moins que je me trompe ?"

La menace dut se lire dans mes prunelles. J'avais l'air avenant, et n'importe qui aurait pu s'imaginer facilement que j'étais en train d'avoir une conversation agréable. Enfin, si on ne regardait que moi. Parce que j'avais envie d'obtenir des réponses, et de poser clairement les choses pour m'éviter toute déconvenue. Il faudrait que j'en parle aux autres, une fois que j'aurai cerné celui que j'avais en face de moi, et de comment nous devions le considérer. J'ignorais tout de lui, et j'avais déjà eu de mauvaises expériences avec des semblables.

"Parce que tu vois, j'ai une "famille"" -tribu- "à protéger, et j'ai besoin de savoir ce que toi, tu es. Mais t'as l'air... assez perdu. T'es tout seul ?"

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Dim 10 Mar 2024 - 9:02
La venue de la serveuse manque de me faire sursauter tant j’en avais oublié le reste du restaurant. Mon attention est un peu trop focalisée sur l’homme en face de moi, Cal d’après ses propres dires, sur ses propos étranges et sur cette horrible sensation qui me rappelle vraiment beaucoup trop de mauvais souvenirs. L’échange avec la serveuse dure à peine quelques secondes et déjà elle s’éloigne de la table, accompagnée par la mélodie des battements de ses semelles sur le sol. Si je dois tirer quelque chose de ce bref échange, c’est bien le fait qu’il veut réellement me parler à moi en particulier et cela sans trop attirer l’attention des gens alentour. Ça ne laisse présager rien de bon.

Il reprend, et même si ses mots semblent anodins, ce qui semble se dissimuler derrière me colle une sale sensation de malaise. Est-ce que je dois vraiment comprendre ce que je pense comprendre ? Dans un déni total, mon cerveau me balance un millier d’idées possibles sur ce qu’il pourrait vouloir dire, toutes aussi bancales et improbables les unes que les autres. Mais il va falloir me rendre à l’évidence et arrêter d’être stupide, dans ses non-dits, dans cette sensation poisseuse qui me fait tant penser à Silas, il n’est vraiment pas impossible que je sois face à un autre wendigo. Sa phrase suivante renforce cette idée, je ne crois pas en le fait qu’il puisse parler de manger quelqu’un uniquement par le plus grand des hasards. J’ai souvent pensé au fait que d’autres wendigos existaient, je me suis souvent demandé s’ils étaient tous comme Silas. Il me disait que, parfois, ils se réunissaient par groupes très violents ou qu’ils s’entretuaient pour un oui ou pour un non, mais on ne peut pas vraiment dire qu’il était une source fiable. Est-ce que je devrais me barrer en courant ? Non, ce serait ridicule, et sans doute peu efficace. Cela dit, la menace sous-jacente que j’entends dans le son de sa voix nourrit encore plus mon envie de me tailler d’ici. Toujours enfoncé dans la banquette, je lui réponds :

« Non. Non, je veux pas causer de problèmes. »

Du moins pas volontairement, mais je ne suis pas assez stupide pour dire ça à voix haute. Je m’inquiète de la suite, de la faim et de ce qui pourrait en découler, mais je n’en dis pas un mot. D’autant plus qu’il existe encore une petite chance qu’on ne parle pas du tout d’une histoire de wendigo, mais disons que plus la discussion avance, plus cette probabilité semble s’amenuiser. Il évoque sa famille et j’hausse les sourcils de surprise. Finalement cette histoire de groupe de wendigo serait vraie ? Je n’y connais tellement rien que j’ai l’impression d’être de nouveau un gamin qui découvre le monde. Il enchaine, et d’autres auraient été irrités qu’on les désigne comme ayant l’air perdu, mais en vrai ça me soulage un peu. S’il savait à quel point je suis complètement paumé face à tout ça. Chaque jour je dois faire semblant que tout va bien et je tombe enfin sur quelqu’un qui pourrait comprendre à quel point je suis dans la merde. Curieusement, ça me décrispe un peu, comme si je me retrouvais face à une personne qui serait en mesure de comprendre un minimum ce que je vis. C’est un sentiment très antagoniste que j’ai face à lui, de la crainte de ce qu’il est, et de l’espoir de ne plus être complètement seul. Deux voix qui me chuchotent des idées contraires, ‘et s’il était comme Silas ?’, ‘Et s’il était différent ?’. Après tout, tous les humains ne sont pas semblables les uns aux autres, pourquoi les wendigo le seraient ? Ou alors il ne s’agit que d’un espoir malvenu qui viendra encore me bouffer un peu plus le cœur.
Je me décolle un peu du dossier de la banquette, reprenant la fourchette abandonnée dans l’assiette sans vraiment avoir envie de finir ce petit déjeuner qui semble ne pas réellement me remplir l’estomac. Je reprends :

« Ouai, je suis seul. » J’avise une seconde le bout de pancake qui finalement ne me fait vraiment plus envie et abandonne de nouveau la fourchette. J’ai l’impression que ce sont plus des gestes d’anxiété qu’autre chose, en réponse à des pensées peu rassurantes. Est-ce que les wendigo sont territoriaux comme un groupe de chiens errants ? Gardant cette comparaison pour moi, je demande juste : « Est-ce que je dois m’attendre à me faire dégager de la ville ? »

Je n’ai vraiment plus nulle part où aller, Anya était la seule hors de Winnipeg à pouvoir m’héberger. Et puis il existe aussi l’horrible possibilité que leur méthode soit plus définitive que simplement me chasser. J’attrape la tasse de café à moitié vide et encore tiède et boit une longue gorgée, au moins le café me fait toujours envie. Je dévisage une seconde mon interlocuteur et je me rends compte que j’ai vraiment aucune idée de ce à quoi m’attendre. J’ai l’impression d’avoir été balancé au milieu d’une autre culture sans connaitre les règles ni les codes, et que tout pourrait mal tourner. En un sens, c’est exactement ce qu’il se passe, et cette idée n’est vraiment pas rassurante.
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Callixte Shaw
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Dim 10 Mar 2024 - 11:25

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Je mangeais cette nourriture, non par appétit mais par habitude. Et puis, même si elle ne comblerait jamais cette faim titanesque qui avait augmentée après que je me sois nourri d'une menace anéantie, c'était l'un des meilleurs "diner" du coin. Les gens y étaient sympas. J'y avais pris mes habitudes, mes repères, connaissant les visages qui y trainaient, continuant à tisser la réputation de gars sympa qui ne demandait rien à personne. Mais aussi d'un type assez protecteur avec sa sœur et ses employés. Tout le monde avait conscience, enfin pour ceux me connaissant, que s'en prendre à l'un d'eux, c'était comme m'attaquer directement, moi. Et disons que j'avais ce côté sportif qui me collait à la peau, du genre qui pourrait frapper fort en cas de nécessité, mais presque bisounours le reste du temps. Etrange comparaison quand on savait ce que j'étais, ce prédateur qui pourrait, par faim, les dévorer, tous.

Celui en face de moi semblait en avoir conscience, avoir deviner par instinct ce que j'étais, et la menace que je représentais. Mes mots ne servirent sans doute pas à réellement le rassurer, tant ses mots « Non. Non, je veux pas causer de problèmes. » et son attitude représentèrent qu'il n'était sûrement pas une menace pour les miens. Mais je ne le connaissais pas. Aussi précisais-je que j'avais ma tribu à protéger et que j'avais besoin de savoir à quoi m'en tenir avec lui, tandis que j'enfournais une nouvelle bouchée de pancakes au sirop d'érable et d'un morceau d'œuf qui vint compléter la saveur globale. Je le vis hausser un sourcil de... surprise ? d'intérêt ? Comme si cette simple possibilité lui paraissait presque un conte de fée avant d'avoir croisé ma route. Nous n'avions sans doute, définitivement pas les mêmes connaissances de notre monde. J'avais toujours baigné dedans, été élevé par mes semblables, et laissé m'envoler par la suite par nécessité. Mes dernières paroles concernant son côté perdu semblèrent le détendre, laisser la crispation de son être se faire lointain souvenir. Et cette simple réaction eut pour effet de confirmer mon hypothèse, et d'en dessiner une autre : il n'était sûrement pas un wendigo depuis bien longtemps.

« Ouai, je suis seul. » déclara-t-il en reprenant sa fourchette, mais en l'abandonnant l'instant d'après à nouveau, comme si je lui avais coupé l'appétit. Hum, tant pis. Je hochais la tête par compréhension, continuant à mastiquer un autre morceau, avant de porter ma tasse de café à mes lèvres après avoir avalé. « Est-ce que je dois m’attendre à me faire dégager de la ville ? » Question intelligente qui me poussa à fixer mon regard sur ses traits, cherchant à deviner ce que ces simples paroles pouvaient dissimuler. Je posais ma tasse quand lui prenait la sienne, lui adressant un demi-sourire qui ne souleva qu'un coin de mes lèvres lorsque nos regards se croisèrent.

"Si tu fais tes affaires ailleurs, aucun problème pour que tu restes." dis-je en m'adossant contre le dossier de la banquette, le regard fixé sur lui, réfléchissant brièvement face à mon assiette presque entièrement dévorée.

Je semblais toujours avoir bon appétit, alors que je ne prenais pas un gramme de trop. Mais j'avais une routine bien rodée, et mine de rien, j'aimais cet endroit, les marques que nous y avions pris. Il était certain que je ne voudrais pas que l'on attire inutilement l'attention sur nous. J'étais déjà, aux yeux des mortels, une sorte de tueur en série dont il n'avait aucune conscience. Je n'avais pas besoin qu'un nouveau venu en ville attire l'attention, et finisse par me causer plus de problèmes qu'autre chose. Les mots suivants vinrent rapidement, comme une sécurité nécessaire à mes réflexions, alors que mon doigt tapotait la table.

"Tu sais te débrouiller ? T'as bien conscience que tu dois bien t'alimenter ?" Et pas ce que nous avions dans nos assiettes, pensais-je très fortement en relevant un sourcil ne laissant aucun doute sur ce que je sous-entendais. J'avais besoin de cerner ce quasi inconnu dont je ne connaissais même pas le nom, puisqu'il n'avait pas pris la peine de me retourner les présentations.

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@ Keegan Jones

Keegan Jones
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Dim 10 Mar 2024 - 13:13
Il y a un côté vraiment étrange à cette scène. On s’imagine plus parler de monstres dans des ruelles sombres, ou dans des parkings vétustes et déserts, pas autour d’une table dans un diner agréable où flotte paisiblement des odeurs de pancakes et de cafés.

Il a l’air si assuré, mangeant calmement son petit-déjeuner, comme si tout cela n’était que la routine pour lui. Peut-être est-ce le cas. C’est assez déstabilisant. Il y a quelque chose de trop banal dans tout ça, et un contraste trop fort avec l’angoisse que cette situation génère. Il me répond et je devine sans trop de mal ce qu’il veut dire par ‘mes affaires’. La désinvolture de son ton face à la réalité de ce qu’il sous-entend me laisse penser que tout ça est parfaitement normal pour lui. Je me demande une seconde comment il fait pour trouver de quoi se nourrir, puis balaie cette question-là en me disant que je pourrais bien y penser plus tard. Il n’a pas l’air perturbé par tout ça. Est-ce qu’on finit tous par s’habituer à tuer et à manger des êtres humains ? Ou alors est-ce que je suis tombé sur un authentique psychopathe ? Mais au moins dans sa réponse j’entends qu’il pourrait me foutre la paix si je fais de même. C’est déjà ça de pris. Ses questions suivantes m’inquiètent beaucoup plus en revanche.

Qu’est-ce que je dois faire ? Lui dire la vérité ? ‘Non, je ne sais absolument pas me débrouiller et je vais devoir tenter des trucs au pif en espérant ne pas péter un câble entre-temps’. Ça me semble vraiment être la pire de toutes les réponses, surtout face à quelqu’un qui me demande si je vais créer des problèmes. Mais les problèmes viendront rapidement me submerger et me noyer si je ne trouve pas une solution pour me remplir l’estomac. Est-ce que je suis censé lui mentir pour le rassurer puis espérer ne plus jamais croiser sa route ? Mais ce serait dommage de laisser passer une telle chance d’avoir des réponses. Je le fixe un instant, essayant d’évaluer quels sont les risques à lui dire la vérité ou à lui mentir. Il a l’air d’être le genre d’homme qui choisit toujours la solution la plus radicale face à un problème et je n’ai aucune idée de s’il voudrait m’aider ou pas. Probablement pas. Ça ne m’aide pas du tout à me décider. De toute façon, c’est quoi l’autre option ? Lui mentir, lui dire que tout va bien, rentrer chez Anya et chaque jour risquer un peu plus de péter les plombs et de la bouffer ? C’est sans doute la dernière chose que je souhaite. Mais tout dire à un inconnu qui, même s’il présente bien, semble planquer là-dessous une violence terrible semble être une chose parfaitement stupide à faire. Cela dit, à choisir, je préfèrerais peut-être me faire bouffer moi-même plutôt que de risquer de bouffer ma pote. Ce n’est pas comme si j’allais manquer à grand monde. Alors peut-être que je suis stupide. Ou désespéré, ce qui parfois se confond avec de la stupidité. Je soupire, secoue la tête dans un signe et dénégation, et commence avec un ton pas franchement rassuré :

« Non, j’ai vraiment aucune idée de quoi faire. » Et rien que le fait de le dire à voix haute rend cette idée encore plus terrifiante. « Et il est possible que plein de choses qu’on m’ait dites soient d’énormes conneries. » Silas aurait été prêt à me raconter n’importe quoi pour pas que je m’en aille. Impossible de savoir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. « C’est vraiment la merde. »

Il ne fait presque aucun doute à présent que je viens d’apparaitre sur son radar à problèmes. Me renfonçant de nouveau dans la banquette, je le regarde, essayant de déterminer ce qu’il pense de tous ces aveux franchement nuls et demande sans vraiment y croire :

« Tu peux m’aider ou pas ? »

C’est probablement d’une naïveté démesurée de demander ça, mais ce serait sans doute bien pire de ne pas le faire. Au moins je serai fixé. Ça aura au moins le mérite d’étouffer la dernière étincelle d’espoir qui me reste.
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Dim 10 Mar 2024 - 14:07

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Un doigt qui tapotait la table, précédant mes questions, puis attendre une réponse... qui ne vint pas immédiatement. Je pouvais presque deviner la tempête de pensées qui tournoyait dans sa tête sur ce qu'il devait ou non me dire. Il l'ignorait peut-être, mais le simple fait qu'il ne me réponde pas du tac au tac me laissait comprendre qu'il n'était pas à l'aise avec tout ça, qu'il peinait à se débrouiller. Mais cela pouvait aller de la galère à je  ne sais pas comment faire. Un vaste champ de possibilités qui ne m'offrait aucune réponse assez précise à mon goût. Je patientais donc, conscient qu'il me jaugeait, sans trop savoir s'il pouvait ou non me faire confiance. Bon point pour lui. J'ignorais moi-même où cela pourrait nous mener. Peut-être que je pourrais l'aider, je l'avais déjà fait après tout. Mais il fallait suivre mes règles, et ça, c'était une autre paire de manche.

Attentif. Silencieux. Je restais là, à boire une autre gorgée de café sans le quitter des yeux, patientant le temps que sa réponse se fasse entendre. Et elle arriva enfin. Des premiers mots. « Non, j’ai vraiment aucune idée de quoi faire. » Un aveu qui confirmait mon hypothèse de nouveau wendigo. J'ignorais comment il l'était devenu. Morsure ? Malédiction pour consommation de viande... Non, cette dernière hypothèse ne collait pas avec cette possibilité. Il avait sans doute été mordu récemment, et se retrouvait dans cette situation sans rien avoir demandé à personne. J'imaginais, du moins. « Et il est possible que plein de choses qu’on m’ait dites soient d’énormes conneries. » Oh ? L'interrogation muette qui éclaira mon regard du facilement y être décelable. Quelqu'un lui aurait raconté des conneries pour en garder le contrôle ? Je n'étais même pas surpris que ce genre de connards ou connasses puissent exister, j'avais bien mangé un enfoiré dans ma vie.

« C’est vraiment la merde. » Oui, ça l'était. Car j'avais deux possibilités. La première, le laisser se démerder seul, et j'avais la quasi certitude que ça allait foirer quelque part en chemin, et possiblement nous retomber dessus. La seconde, l'aider. Au risque, potentiellement, de nous créer des problèmes. Il en existait bien une troisième, celle de l'éliminer, mais je ne l'envisageais pas encore. Une chance pour celui qui se renfonçait dans la banquette sans me quitter des yeux, cherchant à deviner la décision que j'allais prendre. « Tu peux m’aider ou pas ? » Hum... j'aurais bien voulu prétendre que je ne savais pas ce que je comptais faire, mais c'était faux.

"Je pourrais."

Un soupir s'échappa de mes lèvres, avant d'avaler le reste de mon café de quelques trop longues gorgées pour celui qui attendait de savoir à quelle sauce il allait se faire manger. Mauvais jeu de mots, je le reconnais.

"T'aider. Même corriger tes connaissances. Tout ça c'est dans mes cordes. Mais y a des règles à respecter, et c'est pas ici qu'on pourra en parler."

Je jetai un dernier regard à mon assiette que je ne finirai pas aujourd'hui. Je me levais déjà, parce qu'effectivement, il était impossible de parler de chasse, de week-end, de bouffe humaine, à une table au milieu d'un diner et d'une multitude d'être humains aux oreilles trop trainantes.

"Mais si t'es prêt à jouer le jeu, rejoins moi dehors. T'as cinq minutes." Le temps d'une clope. "Après, je m'en vais."

Il avait le choix, c'était ce que je me disais. Son destin était entre ses mains, s'il choisissait d'accepter mon aide, il savait qu'il le ferait selon mes règles. S'il refusait, je serais sans doute obligé de m'en occuper, tôt ou tard. En attendant, je m'approchais du comptoir, attirant l'attention de la serveuse qui sembla presque surprise que je parte si vite, alors que mon assiette n'était pas entièrement vide. Ah... les habitudes !

"Tu pars déjà ?"
"Le travail n'attend pas." dis-je en lui adressant un sourire et un clin d'œil. "Je paie aussi pour le petit." De sa faute, il avait l'air d'un chiot craintif par moment, et il ne m'avait toujours pas donné son nom.
"OK. Bonne journée, Cal !"
"A demain."

Quelques billets sur le comptoir, et je quittais les lieux, callant déjà une clope à mes lèvres, l'allumant dès le premier pas dehors. Non respect de la loi, je le savais, mais je comptais bien m'éloigner assez pour respecter l'injonction des flics. J'étais un assez bon citoyen, tout le monde vous le dirait, conscient qu'il fallait que je m'éloigne de 6 mètres pour être dans les clous. Là où j'avais garé ma voiture contre laquelle je m'adossais, de l'autre côté du trottoir, scrutant en direction du bar tout en jetant un regard à ma montre pour savoir l'heure qu'il était.

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Seulement deux mots, et pourtant j’aurais pu m’arrêter de respirer en entendant sa réponse. J’étais tellement sûr qu’il allait m’envoyer chier que je suis authentiquement surpris. Même si pendant que je parlais il semblait plus curieux qu’hostile, c’était quand même très inattendu. Ça fait presque mal de sentir un peu d’espoir renaître au milieu de tout ce marais de peur.

Il poursuit, mais souligne rapidement qu’on n’est pas libre de parler ici. Un coup d’œil aux alentours me permet de constater que le restaurant s’est gentiment rempli depuis mon arrivée et que les oreilles indiscrètes ne manquent pas. Rapidement, il se lève, me donne ses conditions et se barre. Je ne m’attendais pas à ce que ça aille aussi vite et je le regarde payer au comptoir puis quitter les lieux. Qu’est-ce que je dois faire ? L’espoir de ne pas me retrouver seul face à toute cette galère me donne envie de le suivre dans la seconde, mais un océan de méfiance me retient sur la banquette. Et si c’était trop beau pour être vrai ? Un moyen de m’attirer ailleurs pour régler le problème ? Non, sinon il n’aurait pas dit qu’il n’attendrait que cinq minutes, n’est-ce pas ? Je soupire de frustration. Il a aussi évoqué des règles. Au vu de mon expérience précédente, je ne peux m’attendre qu’au pire en ce qui les concerne. Les gens donnent rarement sans attendre quelque chose en échange. Ça pourrait être terrible. Mais, encore une fois, est-ce que j’ai vraiment d’autres options ? Non. Vraiment pas. J’ai au moins besoin de savoir de quoi il s’agit.

Peut-être une minute après lui, je finis le reste de mon café d’un coup et abandonne le reste du petit déjeuner sans m’en émouvoir. Une fois au comptoir je suis surpris d’apprendre qu’il a déjà tout payé. Curieux, je demande rapidement à la serveuse :

« Et ça lui arrive souvent de faire ça ?
- Quoi donc ?
- Payer pour des gens.
- Ah oui, il paye souvent pour sa sœur et ses employés. » Elle semble réfléchir une seconde et reprend : « Rarement pour d’autres personnes cela-dit.
- Comment ça, ses employés ?
- Bah il tient à garage, et ils font un super boulot. » Elle s’arrête une seconde, un peu incrédule, puis demande : « Mais vous ne vous connaissez pas ?
- Pas depuis longtemps, on va dire. »

Je lui souris en la remerciant et la salue avant de tourner les talons et sortir du diner, espérant que le court délai ne soit pas arrivé à bout de course. Il n’y a rien d’alarmant dans ce qu’elle m’a dit à son sujet, mais hélas ça ne parvient pas à dénouer le malaise que je sens face à toute cette situation. Je sais que parfois les gens qui ont l’air les plus aimables sont les plus grosses ordures. Je jette un œil aux alentours et le retrouve sans mal à se griller une clope près d’une voiture. Je le rejoins en tirant à mon tour mon paquet de cigarette de mon manteau et m’en allumant une. Ce ne sera pas du luxe pour me calmer les nerfs. Je m’arrête à son niveau, disons à une distance raisonnable pour avoir une conversation sans non plus être trop près. La rue n’est pas très animée, mais de temps à autres des clients entrent ou sortent du diner, rêvant d’un café ou repus de leurs pancakes. Après une taffe salvatrice qui me délie les nerfs, je lui dis :

« Ok, je t’écoute. » Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre, mais comme souvent je crains le pire. Rapidement, j’enchaine : « Ah et merci pour avoir tout payé. » Il n’y avait littéralement rien qui l’obligeait à faire ça. A vrai dire je ne comprends toujours pas son geste. « Je m’appelle Keegan, au fait. »

Vaut mieux tard que jamais.
Et un peu de politesse n’a jamais tué personne.
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Adossé, ma cigarette se consumait lentement, au gré de mes inspirations. J'ignorais si le petit allait me rejoindre ou non. J'ignorais s'il allait saisir le semblant de main tendue que je lui avais offert, sans que rien ne m'y oblige. Mais il était libre de choisir. Je n'aimais pas que l'on m'oblige à quoi que ce soit, et je savais que ce n'était pas une bonne méthode, sauf si on voulait un jour être trahi, ou mordu. Et puis, même s'il prenait la main que je lui tendais, est-ce que je pouvais avoir confiance en lui ? Pas vraiment. Je ne savais rien le concernant, mais mon semblant de bonne conscience ne m'autorisait pas à agir autrement. D'une part, parce qu'il en allait de la protection des miens, et d'autres parts parce que j'aurais aimé qu'on fasse la même chose pour ma sœur, si je n'avais pas été avec elle et qu'elle avait eu besoin d'aide.

Viendrait-il ? C'était là toute la question. Une tête connue passa, me salua, et je lui retournai la politesse alors qu'elle pénétra à l'intérieur du diner, me laissant entrevoir le petit et la serveur qui semblaient discuter ensemble. Ma faute, j'avais donné l'impression qu'on se connaissait, et elle avait tendance à aimer parler de ses clients lorsqu'elle pensait qu'elle ne trahissait aucun secret. Et puis, ce n'était pas comme si ce qu'elle savait sur moi n'était pas facilement trouvable. Hum... le délai était presque écoulé lorsque je le vis enfin en sortir, chercher du regard jusqu'à me trouver, et prendre ma direction. Il avait donc choisi de me rejoindre tout en imitant mes propres gestes, une clope ne tardant pas à rejoindre ses lèvres, et la première taffe ne tarda pas à s'en extirper comme une caresse vaporeuse.

« Ok, je t’écoute. » Ah ouais. Cash. Direct. Comme ça, sans préambule. Ca me fit esquisser un petit sourire amusé. J'avais l'impression qu'il craignait que toute cette histoire lui explose à la figure d'un instant à l'autre, que je le drogue et l'emporte on ne sait où pour lui faire on ne sait quoi. Pas mon genre. Pas avec les wendigos en tout cas. « Ah et merci pour avoir tout payé. » Un signe de tête signifiant de rien dans mon dialecte gestuel, retenant mes mots car il en laissa d'autres s'envoler jusqu'à moi.  « Je m’appelle Keegan, au fait. » Keegan. On progressait dans la communication, c'était sûrement mieux que le petit. Un autre pas en direction d'une potentielle aide que je pourrais lui apporter, visiblement.

La rue était plutôt déserte, les oreilles indiscrètes se faisaient rares, et je pouvais bien énoncer quelques unes de mes règles à côté de ma voiture. De toute façon, vu la distance qu'il gardait, je l'imaginais mal grimper dans ma caisse pour aller il ne savait où, même si je lui promettais d'aller au garage. Chose que je ne ferais pas sans promesse de sa part, de toute manière.

"Ravi de savoir enfin comment tu t'appelles." Ce qui n'était pas du chiqué, loin de là. "Alors voilà les règles ; petit 1, si je donne un ordre, on m'obéit sans discuter, sinon tu dégages. Petit 2, pas de chasse sans mon autorisation, et encore moins ici. Vancouver et Burnaby sont des zones neutres. Petit 3, tu participes aux week-end camping. Petit 4, on ne s'en prend qu'aux criminels. Ca fait le ménage, et les petites merdes manquent moins que les autres. Petit 5, on mange régulièrement, interdiction de s'affamer. Tu pourras toujours compter sur le fait que je te fournirai de la bouffe fraiche, même si tu participes pas. Petit 6, t'as une emmerde, tu m'en parles. Tant que tu seras sous ma protection, s'en prendre à toi, c'est s'en prendre à moi. Petit 7, tu bosses au garage. Ne serait-ce qu'un 10h par semaine, ça justifie le fait qu'on passe du temps ensemble. Petit 8, t'es libre de t'installer dans l'entrepôt du garage si t'en as besoin. Mais tu gardes ton coin propre. Petit 9, tu baises pas ma sœur. C'est une merdeuse, mais si ça tourne mal, c'est toi que je virerai, pas elle. Petit 10, interdiction de créer volontairement des emmerdes, tu fais ce qu'il faut pour qu'on comprenne pas ce que t'es et qu'on nous foute la paix. Petit 11, les chamailleries entre membres c'est ok, les coups bas et les trahisons c'est non. Petit 12, si un jour t'en as marre, si tu veux juste apprendre puis te barrer, ou rester un temps puis t'en aller, t'es libre de partir quand tu veux. Mais tu parles pas de nous, et tu reviens pas."

Petit listing que je sortis sous la forme d'un monologue plutôt bien rôdé, et que j'avais étoffé depuis la première fois où je l'avais dit. J'arrachai la dernière taffe à ma clope, la dernière avant sa fin. Je lui lançai un regard appuyé, j'avais conscience que ça faisait beaucoup d'informations à ingurgiter en une fois, et pas forcément des plus simples.

"Ma tribu, mes règles. Je suis pas un mauvais boss" -sachem- "je force à rien, mais si je t'y fais rentrer, faut que tu joues le jeu."

Je me détachai de la carrosserie, me redressant en jetant le mégot, tout en me délassant la nuque comme si elle s'était raidie.

"T'en dis quoi ?"

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Dim 10 Mar 2024 - 17:27
J’ai eu le temps de finir ma clope pendant son speech et d’abandonner le mégot.
J’en dis quoi ? Comme d’habitude, la première chose qui me passe par la tête.

« Eh bien c’est… une très longue liste. »

Et le fait qu’il ait réussi à tout débiter d’une seule traite sans rien oublier, s’emmêler dans les chiffres ou se répéter est en soi un peu impressionnant. Est-ce qu’il fait souvent ce discours ? Ou bien est-ce qu’il s’entraine de temps à autre ?

En tout cas, il n’y a rien là-dedans qui soit problématique. Chiant à la rigueur, comme cette histoire de bosser dans son garage alors que je viens enfin de me trouver un job à plein temps, mais je m’attendais clairement à pire. Le fait qu’il souligne qu’ils ne bouffent que des criminels me rassure beaucoup. Disons que ça me parait être l’option la moins pire étant donné le besoin de se nourrir. Sa dernière règle aussi est plutôt rassurante dans son genre. Mais tout ça a l’air peut être un peu trop beau pour être vrai. Qu’est-ce qu’il y gagne au juste ? Un moyen de contrôler qu’on ne fout pas la merde ? Peut-être. Ça me semble un peu léger. Ou alors je suis devenu complètement parano. J’ai sans doute vécu trop d’espoirs déçus. Très honnêtement, je lui réponds :

« J’en sais rien, moi j’étais venu ici pour plus entendre ma coloc baiser et maintenant tu me balances tout ça. »  C’est assez délirant en soi, il faut bien le reconnaitre. « Tout ce que je veux c’est bouffer et avoir quelques réponses », pas m’engager dans un groupe de monstres adeptes de bagnoles et de camping, mais j’ai la sagesse de garder pour moi la seconde partie de la phrase.

Même si ses règles semblent correctes, c’est trop, trop d’un coup. Je voulais bouffer des pancakes en scrollant sur insta, et je me retrouve face à un gars qui me file la même sensation dégueulasse que Silas au point que ça m’en a coupé l’appétit. D’ailleurs, je commence à comprendre que cette sensation a sans doute un lien avec les wendigos eux-mêmes. Tu parles d’une matinée. En soi, il serait malhonnête de dire qu’il ne s’agit pas d’une vraie chance malgré tout. Ça voudrait dire ne plus avoir besoin de s’inquiéter de buter des gens pour manger. Ne plus être seul. Ne plus risquer de péter un câble à cause de la Faim. Ne plus avoir peur.

De nouveau, je m’allume une clope. Ça m’a toujours aidé à me calmer et à mieux réfléchir. Je souffle un nuage de fumée dans la rue qui s’éveille peu à peu et je mets le doigt sur un truc qui me gêne. Il a dit qu’il me protégerait, mais peut-être qu’il ne serait pas du même avis s’il savait quelle espèce d’immense fils de pute pourrait débarquer dans le coin pour venir me chercher. Un fouteur de merde de compétition qui n’est pas gêné de tuer des gamins. Ça me semble presque malhonnête de ne pas lui en parler, mais je n’ai pas non plus forcément envie d’évoquer cette partie traumatisante de ma vie. Je soupire.

« Tes règles me semblent raisonnables. » Bien que bizarres pour certaines. Encore une fois je ne comprends pas bien le délire du camping, mais ça c’est sans doute parce que j’ai grandi en ville. Je le regarde un instant, et me dis que s’il a été réglo, je peux bien l’être aussi, sans forcément donner tous les détails. Avec un ton un peu las, usé par un passé pas si lointain qui m’a salement bousillé, je commence : « Je peux pas te garantir que quelqu’un viendra pas foutre la merde, un peu par ma faute. »  Si tant est que le simple fait d’exister constitue une faute. « C’est pas franchement quelqu’un qui serait du genre à suivre la moindre règle. Disons que son unique règle est de faire ce qui lui plait. »  Et ce qui lui plait n’est généralement pas très plaisant. Je tire une nouvelle taffe et me perds une seconde dans de mauvais souvenirs. J’arrive à me reprendre et enchaine : « Enfin, je sais pas si ce sera pour bientôt, mais si je reste dans le coin il finira surement par venir. » Je pense avoir bien couvert mes traces, mais il est du genre opiniâtre ce connard. S’il ne l’avait pas été, il ne m’aurait pas transformé.

Pourquoi je lui dis ça ?
Après avoir autant fait d’efforts pour ne pas paraitre être un fouteur de merde de peur de me faire dégager de la ville, pourquoi je n’ai pas fermé ma gueule ? Peut-être que, malgré ses manières un peu brutes, c’est le premier wendigo que je croise et qu’il vaguement sympa avec moi, ou au moins correct. Je lui dois bien la même chose en retour, non ?
Ou alors parce que je suis beaucoup trop con.
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J'avais énoncé l'intégralité de mes règles, celles qui s'étaient étoffées au fil du temps passant, mais que je répétais assez souvent pour ne plus faire d'erreur, et pour que la tribu le prenne presque à la rigolade. J'avais fini par lui demander ce qu'il en pensait. S'il était tenté, ou non. Parce que forcément, si je devais l'aider, cela incluait de devoir nous rejoindre. Je n'étais pas le bon samaritain qui aidait la veuve et l'orphelin. « Eh bien c’est… une très longue liste. » finit-il par commenter, m'arrachant un petit rire. Eh ben, on n'était loin d'avoir fini si c'était tout ce qu'il trouvait à dire. Il fallait reconnaître qu'il devait avoir besoin de digérer tout ce que je venais de mettre sur le tapis, mes règles, mes décisions. J'étais le Sachem, c'était donc à moi de décider de l'ambiance que je voulais dans ma tribu, de ce que j'acceptais ou non.

« J’en sais rien, moi j’étais venu ici pour plus entendre ma coloc baiser et maintenant tu me balances tout ça. » Personne ne l'avait forcé à me suivre dehors. A écouter mes règles. Et personne encore ne le forçait à accepter mon offre. « Tout ce que je veux c’est bouffer et avoir quelques réponses » Et il croyait que c'était gratuit ? Que je donnais à bouffer à tous les clébards du coin sous prétexte qu'ils avaient besoin de se nourrir ? Les risques, c'était moi qui les prenais. L'entreposage de la viande vivante, c'était moi qui m'en chargeais. Les réponses, encore, ça pouvait se négocier. Vaguement. Et encore, la majeure partie de mon temps, je le consacrais à ma tribu. Mais peut-être qu'il n'en avait pas conscience, de toutes ces subtilités, et je n'allais pas faire un pas en dehors de la proposition que je venais de lui faire. C'était ça, ou rien.

Je le vis prendre une autre cigarette, je n'avais pas imaginé qu'il fumait autant, mais cela ne me dérangeait pas. Peut-être que ça l'aidait à réfléchir, ou à se détendre. Après tout, il ne pouvait plus se terrer au fond de sa banquette comme un peu plus tôt. « Tes règles me semblent raisonnables. » Un peu qu'elles l'étaient. J'en avais connues des moins sympathiques, des plus envahissantes, et de bien plus injustes. Il semblait hésiter, puis ce fut un timbre las qui s'éleva, je pouvais presque sentir l'usure du passé suggéré par ces mots, rien qu'en l'entendant parler. « Je peux pas te garantir que quelqu’un viendra pas foutre la merde, un peu par ma faute. C’est pas franchement quelqu’un qui serait du genre à suivre la moindre règle. Disons que son unique règle est de faire ce qui lui plait. » Mon regard s'était plissé, fait plus étroit à l'écouter parler d'une potentielle menace dont j'ignorais encore tout, mais qu'il avait l'honnêteté de m'avouer, pour que moi aussi je puisse prendre ma décision.

Si j'usais de prudence, je le laisserais se démerder, mais était-il responsable des actes de cette personne ? Non. Si ma soeur avait rencontré l'autre enfoiré sans moi, elle n'aurait rien pu faire, mais j'avais été présent. Je l'entendais déjà me dire qu'il serait cruel de l'abandonner. Petite voix insupportable qui stagnait dans ma tête. Bordel... Je poussais un soupir, laissant mon pied faire rouler un caillou sous sa semelle. « Enfin, je sais pas si ce sera pour bientôt, mais si je reste dans le coin il finira surement par venir. » Donc, un ennemi potentiel risquait de venir pour lui. A cause de lui. C'était qui cet emmerdeur ?

"Faudra que tu m'en dises plus. S'il est comme nous. Son nom. Où il habite. Pourquoi exactement il viendra. De quoi il est capable. Tout ce que tu sais à son sujet." furent mes premières paroles, celles que je ne pouvais garder pour moi, et pour qu'il ait conscience de ce que j'allais exiger de lui, en dehors de mes règles. Le fait que je prendrai tout ce qu'il pourra me donner sur cette menace, et que je me chargerai de récolter tout le reste à travers mon informateur habituel. "Parce que si mes règles te semblent raisonnables et que tu me parles de ça, c'est que t'es d'accord pour nous rejoindre. Et même si j'apprécie ton honnêteté, j'aurai besoin de plus pour que tout le monde reste en sécurité, toi y compris."

Je devais connaître cette menace, de la même manière que j'avais appris à connaître celle que j'avais fini par dévorer. Peut-être n'était-il question que d'un humain, mais j'avais du mal à y croire. Peut-être parce que Keegan s'était recroquevillé dans sa banquette lorsqu'il avait reconnu mon aura. Appelez ça de l'instinct, ou de l'intuition. Tout comme le wendigo que j'avais face à moi me donnait l'illusion d'avoir besoin d'une réelle protection, et qu'il était prêt à fuir encore et encore, celui qui finirait par venir le chercher s'il restait ici. Fuir n'était pas une solution. Une tribu, c'était mieux. C'était pour cela que nous avions agrandi la notre avec ma sœur... rester seuls est dangereux, grossir ses rangs, j'avais vu ce que cela donnait dans ma tribu parentale. Ils étaient une force avec laquelle il fallait compter, et le sachem n'était jamais seul. Si je comptais protéger les miens, il n'était pas question que j'affronte son croquemitaine sans l'aide de ma famille.

"On est d'accord ?"

Mes mots. Mon premier ordre. Qu'il m'en dise plus. Aujourd'hui, ou demain. Rapidement.

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Dim 10 Mar 2024 - 20:03
Une avalanche de questions. En soi, ça n’a rien d’étonnant qu’il veuille savoir, après un tel préambule n’importe qui voudrait avoir plus d’informations. Ce n’est déjà pas si mal qu’il ne me dise pas simplement de me barrer avec mes emmerdes.

Il souligne que si je lui parle de ça, c’est sans doute parce que j’ai déjà décidé de les rejoindre. Je ne m’étais pas forcément fait cette réflexion, pas consciemment du moins, mais il n’a pas tort. Je ne parle jamais de Silas, à personne, sans avoir une excellente raison de le faire. Je ne lui aurais rien dit si je pensais tourner les talons et retourner à ma misère. J’ai beaucoup trop besoin d’aide pour faire une connerie pareille. Il me demande si on est d’accord avec l’autorité d’un sergent-chef d’un de ces films de guerre et je devine que c’est la condition pour qu’il m’accepte parmi les siens. Encore une fois ce n’est pas déraisonnable. Ça ne m’enchante pas du tout de remuer toute la merde du passé, mais c’est nécessaire. Je crois que ce qui m’effraie le plus c’est d’être jugé par rapport à tout ça. Je me sens si stupide d’avoir rien vu avant qu’il ne soit trop tard, d’être resté malgré les premiers signes, de malgré tout être encore nostalgique parfois du tout début, avant que tout ne devienne un cauchemar. Je me dis que c’est ma faute, tout en sachant que ça ne l’est pas. Il m’a tant répété que c’était ma faute.
J’avise un instant l’homme en face de moi et son air si déterminé. Je finis bien trop vite ma clope, encore une fois. Tout en écrasant le mégot, je lui réponds en un souffle :

« Ouai, on est d’accord. »

Est-ce que lui aussi me rira au nez quand il saura que ce n’est ‘que’ mon ex qui provoque toute cette peur ? J’en ai vu des gens ne pas comprendre, des personnes qui disaient aux gens comme moi qu’on était des dingues de penser qu’on pourrait chercher à nous retrouver. Qu’on était sacrément égocentriques à penser un truc pareil. Mais je le connais, ce fils de pute, maintenant je le connais vraiment bien. Même si tout le monde peut en douter, moi je sais qu’il viendra, et je ne pense pas que ce soit uniquement la terreur froide qu’il m’inspire qui me souffle des mensonges pareils. Et puis ce n’est pas comme si c’était un connard lambda. Il a toujours réussi à se procurer de quoi se nourrir, je ne sais pas comment, mais je sais qu'il les tuait lui même et qu'il adorait ça. Ce n’est pas le genre de personne qui laisse filer sa proie.

Je jette un coup d’œil autour de nous. Le soleil est en train de se lever et vient réchauffer doucement la route, jetant une lumière nouvelle sur la rue qui se remplit peu à peu d’une faune qui s’en va débuter sa journée. Il commence à y avoir de la circulation et le diner est à présent bondé. Il y a bien plus de gens dans le coin que quand je suis arrivé.

« On peut aller ailleurs ? »

Même si je n’ai pas envie de conter cette histoire, je préfère encore m’en débarrasser au plus vite comme un vieux pansement qu’on arracherait plutôt que d’attendre et de la ressasser en une boucle infernale qui me péterait le crâne et le cœur. Mais je réalise que même si c’est mon jour de congé, ce n’est pas forcément son cas. Si j’ai bien compris, il a tout un garage à gérer. J’ajoute :

« Ou se voir une autre fois. » Avec un whisky tant qu’à faire. Ou deux. La bière seule ne saura pas noyer toute cette merde, j’aurai besoin d’un truc plus fort. « Quelque part où il n’y a pas autant de gens. »

J’imagine que cela allait sans dire, mais rien que dans cette demande il peut comprendre qu’on ne va pas parler d’un humain ordinaire.
C’est une histoire qui est faite pour se raconter loin des oreilles indiscrètes. Ce sera sans doute bien plus simple, déjà pour moi, mais aussi parce que pour être clair il faudra parler sans détour de wendigo et du fait de manger des gens.
Les sous-entendus n’ont jamais permis de raconter correctement les histoires de monstres.
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TW séquestration, cannibalisme

J'avais besoin de cette réponse, pour savoir de quoi serait fait la suite de notre conversation. Car s'il refusait, je savais déjà que je ne prendrai pas le risque de le ramener auprès des miens. Toute menace se devait d'être connue. Il m'observait, réfléchissant peut-être, tout en terminant sa cigarette. Je ne pouvais deviner ce qui trottait dans sa tête, mais je savais que je lui en demandais très certainement beaucoup. C'était pourtant mon ultime condition, alors que je ne refusais pas d'assurer sa protection, d'impliquer ma tribu dans son histoire. Je savais que ma sœur serait la première à m'approuver, et que les autres comprendraient trop facilement. Cela faisait notre force.

« Ouai, on est d’accord. » me répondit-il finalement dans un souffle, acceptant mon ultime condition, et par son intermédiaire, mon ordre de connaître la vérité, d'obtenir toutes ces informations. « On peut aller ailleurs ? » J'hochais doucement la tête, satisfait et d'accord avec sa demande, alors que Keegan regardait autour de nous. Le soleil éclairait à présent la rue, le jour s'étalait de ses plus beaux atours hivernaux. Un temps parfait pour les gens de notre espèce, les températures suffisamment éloignées de celles qui nous incommodaient. « Ou se voir une autre fois. Quelque part où il n’y a pas autant de gens. »

Ses paroles ne faisaient que me confirmer ce que mon intuition me soufflait : la menace n'était pas humaine. Ou peut-être avait-il besoin d'intimité pour pouvoir se livrer plus facilement. J'avais conscience que les choses qu'il comptait aborder n'avaient pas l'air simples. Glissant ma main dans la poche de ma veste, j'actionnais la serrure électronique de la camionnette tandis que je contournais déjà le véhicule.

"Grimpe, on va ailleurs."

Cela pourrait passer pour un ordre, mais c'était plus une invitation qui répondait à sa demande. Il voulait un endroit moins passant, et je savais que le garage serait parfait. Je ne savais même pas depuis quand il n'avait pas mangé. Peut-être que cela devrait être amené sur le tapis à un moment donné de la conversation. Dans tous les cas, s'il devait changer sous une émotion trop vive, je préférais qu'il le fasse dans un lieu que je maîtrisais totalement. Alors que je m'installais au volant, il prit place côté passager. Je ne mis pas longtemps à démarrer, ni même à déboiter de l'endroit où j'étais garé. L'habitude, la familiarité du gabarit de ma camionnette, me permettaient de rouler rapidement, avec des gestes sûrs. La radio avait démarré en même temps que le moteur, et j'avais simplement baissé le volume, pour lui épargner les oreilles s'il n'aimait pas ce qui y passait.

Quelques minutes plus tard, je me garais devant le garage, le mien, le CS-Motors. CS pour Callixte Shaw. Je n'étais pas allé chercher le nom bien loin lorsqu'il avait fallu créer l'endroit. Ma sœur m'avait taquiné avec ça, mais au final, l'entrepôt qui se dressait devant nous avait pris des galons, depuis. Et aucun de nous ne regrettait l'instant où on s'y était installé. C'était chez nous. L'endroit où notre tribu se rassemblait. Et j'y amenais un tout nouveau membre. Mon regard tomba sur Keegan lorsque le moteur se tut. SI je restais en bas, pour sûr qu'ils allaient nous emmerder et ne jamais nous laisser tranquille.

"Viens, t'occupes pas des autres, et suis-moi."

Une petite consigne pour qu'il ne se fasse pas alpaguer en chemin, car à peine avais-je mis un pied dans le garage, que j'entendis mon adorable petite sœur clamer mon prénom. "Cal, madame Blais réclame que ce soit toi qui t'occupes de sa... c'est qui, lui ?" Petite tête adorable qui adressait déjà un grand sourire au nouveau venu, attirant l'attention des deux autres têtes qui avaient jusqu'ici le nez dans un moteur.  

"Keegan, un nouveau, et je vous le présenterai plus tard."

"On a notre mot à dire, figure-toi." déclara-t-elle en se campant devant moi, les mains sur ses hanches... comme si cela allait m'empêcher d'avancer.

"Dis la morveuse qui adopterait tous les cabots paumés du monde." Je lui adressais un sourire, la contournant simplement, ébouriffant ses cheveux en passant, alors qu'elle tentait de me chasser d'une tape. "On en parle après." conclus-je en faisant signe à Keegan de me suivre vers les escaliers qui menaient à l'étage.

J'entendais ses pas qui emboitaient les miens, alors qu'on avançait, jusqu'à la porte de mon appartement que j'ouvris sans difficulté, sans clé, même. Ce n'était pas un endroit immense, plus une sorte de loft industriel, avec des poutres en métal apparentes. C'était mon refuge, l'endroit où je pouvais m'isoler. On débouchait directement sur le salon, un grand canapé, un fauteuil, une table basse, et une cuisine à l'américaine dans un coin de la pièce.

"Assieds-toi. Désolé pour les autres, ils sont un peu envahissants, mais pas méchants. Tu veux boire un truc ?"

J'avais atteint la cuisine et attendais de savoir ce qu'il voulait, conscient que la suite de la conversation ne serait pas forcément très agréable, pour lui. Parce que si nous étions venus jusqu'ici, c'était pour une bonne raison : qu'il m'en dise plus sur cette fameuse menace.

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Keegan Jones
WENDIGO
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Lun 11 Mar 2024 - 20:35
Presque soulagé, je monte dans sa voiture. Au moins je n’aurais pas des jours à ressasser cette histoire avant de pouvoir lui en parler.

Le trajet se fait dans un silence relatif, la musique remplissant l’habitacle, mais je ne l’entends pas vraiment. J’essaie de réfléchir à comment présenter tout ce que j’ai à dire, mais je me rends compte que ça ne va pas être simple. Je ne veux pas le noyer dans les détails, Cal n’a pas l’air d’être le genre d’homme qui écouterait trente minutes de monologue, pourtant c’est bien dans l’ensemble de ce qu’il s’est passé que je tire cette certitude glaciale qui me chuchote qu’il va venir. Le trajet n’est pas si long et je n’ai pas même eu le temps de trouver les éléments pertinents à partager. Je lève les yeux sur le bâtiment tandis qu’il se gare. Le fameux garage dont parlait la serveuse. Ça ressemble à tout sauf à un antre de monstres mangeurs d’Hommes. Une très bonne couverture, sans aucun doute.  Je descends de la voiture et le suis, tiquant un instant sur sa remarque. Les autres ? Quels autres ? Sa ‘famille’ sans doute, comme il dit. Je ne m’attendais pas à rencontrer un wendigo aujourd’hui, encore moins plusieurs.

Je le suis à l’intérieur et très vite une voix s’élève pour l’appeler. Je lève les yeux vers la femme qui a parlé et devine sans trop de mal qu’il s’agit de sa sœur. Elle a un sourire beaucoup trop contagieux pour que je ne lui en fasse pas un en retour. Leur échange est détendu et sympathique, d’une joyeuse banalité. Rassurant, quand comme moi on s’attend toujours à tomber sur un monstre qui cache son jeu. J’emboite le pas à Cal dans les escaliers, jetant au passage un regard vers les deux inconnus qui sont venus voir ce qu’il se passe. Tout le monde a l’air si… normal. Bien loin de ce que j’aurais pu imaginer.

Nous arrivons dans un appartement bien aménagé. C’est sûr qu’ici au moins personne ne pourra entendre ce que l’on a à se raconter. Suivant son invitation, je m’assois sur le canapé, laissant mon manteau à côté de moi, et lui réponds :

« Ouai. Un truc fort, s’il te plait. »

Il faudra au moins ça. Je ne sais toujours pas quoi lui dire. J’attends qu’il revienne avec les boissons et qu’il s’installe à son tour. Par où commencer ? Je doute que lui raconter toute l’histoire soit pertinent, et puis je n’ai pas vraiment envie de le faire. Je saisis le verre, bois une gorgée comme si c’était du courage liquide, puis le repose sur la table basse. Il voulait des informations précises. Ce sera sans doute un bon début. De manière très factuel, je commence :

« Il s’appelle Silas Parsons. Il vit à Winnipeg. C’est un wendigo, et c’est lui qui m’a transformé. »

Un mot bien trop anodin par rapport à la réalité. Je n’ai jamais voulu raconter cette histoire, comme si ne pas en parler allait laisser mourir la réalité et que j’aurais pu me persuader qu’il ne s’agissait que d’un mauvais rêve. Sans même regarder Cal, j’ajoute :

« C’est mon ex. »

J’aurais aimé que juste cette phrase soit suffisante pour qu’il comprenne, mais c’est strictement impossible. Comment lui faire comprendre que Silas représente une véritable menace et pas juste que les choses ont ‘mal tournées’ entre nous, comme diraient certains connards ? D’une voix étrangement sans émotion, comme quand un traumatisme est trop frais et qu’on n’a pas réussi à le traiter, et sans vraiment oser regarder celui qui m'écoute, je raconte :

« La première fois que je lui ai dit que je voulais de l’air il m’a frappé et quand j’ai voulu partir il a pété un câble et s’est transformé. » Je n’y connais pas grand-chose en wendigo, mais je n’ai pas l’impression que ce soit normal pour un individu expérimenté. Ses crises de colère étaient toujours terribles. Instinctivement, je fais un geste relevant mon avant-bras droit, abandonnant un coup d’œil là où il m’a bouffé, comme pour vérifier une vieille blessure qui n’existe déjà plus : « Il m’a arraché un bout de bras, mais hey grâce aux supers capacités de régénération y a plus aucune cicatrice. »

L’intonation de la fin de la phrase était quelque part entre le rieur et le sarcastique avec un sourire pas franchement joyeux, comme si rire de cette merde allait atténuer l’horrible traumatisme que je garde de cette nuit-là. Il n’y a plus aucune trace de blessure. Comme si rien ne s’était passé. Comme si j’étais dingue et que tout ça n’était qu’une hallucination. Mon sourire s’éteint aussi vite qu’il est apparu et j’attrape le verre devant moi pour en avaler une nouvelle gorgée. Ma main serre un peu trop le verre. La brûlure de l’alcool ne parvient pas tout à fait à supplanter celle de mes souvenirs. Je n’ose toujours pas regarder Cal, sans doute par honte. Je n'ai pas vraiment envie de voir la tronche qu'il tire pour le moment. Sans plus aucune intonation de rire ou de sarcasme, j’explique :

« Il m’a forcé à bouffer de la viande. » humaine. De la viande humaine. Mais pas la peine de le préciser, il a compris. « Il me racontait comment il les tuait. » Avec beaucoup trop de détails. Mais j’avais tellement faim que je ne pouvais pas faire autrement que manger ce qu’il me donnait. Je ne trouve pas le courage de parler de ce qu’il a ramené la dernière fois. La fois qui m’a fait fuir malgré tous les risques. « C’est pas le genre de personne qui accepte qu’on s’en aille. » Drôle d’enchainement, mais je n’ai jamais dit que j’étais doué pour raconter des histoires. Je termine : « Quand je suis parti j’ai jeté mon tel, coupé tous mes réseaux, et je crois pas qu’il connaisse l’amie chez qui je vis. »

Je ne pense pas avoir déjà parlé d’Anya à Silas. Je ne sais pas. Je ne sais plus. J’ai coupé tous les liens que j’avais avec les gens qui vivaient là-bas, juste au cas où. Je me suis recréé des comptes sur les réseaux en restant parfaitement anonyme, sans photo et avec des pseudonymes aléatoires, sans jamais rien poster. J’ai toujours eu trop peur qu’il tombe un jour dessus. Je me suis isolé pour le fuir.

Je regarde enfin le wendigo en face de moi, guettant sa réaction, craignant d'y trouver du mépris ou de la colère. Il va me prendre pour un dingue. C’est ça qui est censé le convaincre ? C’est ridicule. Peut-être que ça l’est. Comment il pourrait comprendre ? Il ne sait pas que je n’avais pas facilement peur, avant. Le genre de petit con qui se moque des gens qui s’inquiètent de ce qui se cache dans la nuit. Mais lui, il m’a fait peur. Il a rempli mon monde d’ombres et d’angoisses. Si Cal m’avait connu avant que je rencontre Silas je n’aurais rien eu besoin de lui raconter. Il aurait vu l’avant et l’après. Il aurait compris. Mais les gens qui me connaissaient avant je leur fais de grands sourires pour qu’ils ne s’inquiètent pas, et puis les autres me prennent pour un énième paumé qui regarde parfois les gens avec inquiétude. C’est pathétique.

« Je me rends bien compte que ça l’air… » con « …dingue. »

Mais je te jure que je sais qu’il va venir.
Pourtant je garde cette dernière phrase pour moi. Cette promesse-là ne repose sur rien, juste mon intuition, mes certitudes. Elles étaient où mon intuition et mes certitudes quand je me faisais enfermer comme un débile dans une relation pareille ? Depuis cette histoire je doute de mon propre jugement. J’ai très certainement raison de le faire. Alors pourquoi Cal n’en douterait pas ?
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